Avec la sortie de la série sur Netflix, je me suis dis que ça serait sympa de faire un petit retour sur Daredevil, héros relativement important de l’écurie Marvel.
La loi et la justice
Matt Murdock est un avocat indépendant qui combat les truands à coups de code civil d’enquêtes et d’interrogatoire. Il tente a sa façon de faire de Hell’s Kitchen, son quartier chéri, un endroit où on peut vivre en paix.
Daredevil est un justicier nocturne rompu aux arts martiaux qui combat les truands à coups de bâton. Il tente a sa façon de faire de Hell’s Kitcken, son quartier chéri, un endroit où on peut vivre sans crainte.
L’un et l’autre sont les 2 faces du même personnage, la loi et la justice incarné en un seul homme qui doit justement composé avec cette frontière floue.
créer en 1964 par le génialissime Stan Lee (qui était à son apogée à l’époque) et mis en image par Bill Everett (à qui on doit le personnage Namor, prince d’Atlantis) Mais c’est à Franck Miller qu’on doit les grandes lignes de l’histoire de Daredevil. En 79 il reprend la série et sort du schéma classique des histoires de chasse au voleur pour quelque chose de plus sombre. Il apporte sa noirceur à l’histoire qui jusque là était plutôt basique et donne une aura christique à son héros.
Daredevil peut être vu comme une simple version Marvel du Batman de DC comics. Les deux personnages ont beaucoup en commun : une haine du crime ordinaire, des parents victimes de cette criminalité urbaine les laissant seuls très jeunes, une initiation au combat plutôt « ninja » et une dimension mystique très forte (les deux personnages ayant choisi de revêtir une apparence effrayante proche du diable pour combattre le mal). Pourtant Daredevil n’est pas une copie facile, bien au contraire : c’est une très belle variation sur le thème du justicier face a la tentation du mal, notamment sous la coupe de Miller.
Law and Order
Car en tant qu’homme de loi le jour, Daredevil frappe le crime à deux niveau. Il s’occupe tout autant de loi que de justice, jusqu’à parfois confondre ces deux notions. Lorsque l’homme de loi échoue, c’est le vigilante qui prend le relais, et lorsque ce dernier parvient a capturer un criminel, c’est l’avocat qui le fait châtier.
La Loi et la Justice sont deux notion qui se mélangent sans arrêt dans le personnage : comme la Justice, il est aveugle et se base sur un niveau de perception plus profond pour juger les choses. Il oscille sans arrêt sur cette question « que faire quand la Loi ne fonctionne plus ». A la différence de Batman qui radicalise la question, bien qu’essayant de maintenir un code d’honneur pour ne pas devenir comme ceux qu’il pourchasse, Daredevil essaye le plus possible de jouer sur le levier légal pour obtenir des résultats. Lorsque « tête à corne » intervient, c’est soit pour donner un coup de pouce à l’avocat, soit pour faire ce qui est hors de porté de ce dernier.
Sur cette base, les auteurs vont décliner des symboliques fortes, Christique, et chercher dans ce héros une réponse plus élaboré a la question du crime.
La Justice est aveugle
Comme nous le disions un peu plus haut, Matt Murdock à la particularité d’être aveugle. Frappé de cécité suite à un accident (le jeune Matt sauva la vie à un aveugle manquant de se faire renverser par un camion de déchet radioactif…) le futur « Homme sans peur » avait peu de chance de réussir dans la carrière de super héros. Mais les choses étant bien faite, ce même accident lui donna des supers pouvoirs de perception.
On le sait, les aveugles compensent leur handicap en focalisant d’autant plus sur leurs autres sens. Et bien Daredevil n’est qu’une exagération de ce principe de super perception, à tel point qu’à l’origine il était carrément doté d’un sens radar comme celui des chauves souris (Batman ? non là je pense que c’est juste un hasard). L’exagération sera « réduite » sous la tutelle de Franck Miller qui essayera de rationaliser le plus possible ces sens, donnant au final plus de possibilité a notre héros (savoir que quelqu’un ment en écoutant son rythme cardiaque, définir la composition chimique d’un aliment etc). Bref : moins bourrin, plus subtil.
l’Handicap de notre héros est très intéressant lorsqu’il agit dans le civil, car il est vu (ah ah) par les autres comme étant quelqu’un de brillant, mais dépendant, faible, fragile. Le delta avec le super héros est d’autant plus fort, et facilite encore plus son anonymat : bien entendu, ça ne peut pas être un aveugle qui terrorise les malfrats en leur tatannant les gencives à la tombé de la nuit !
Même si je ne pense pas que le message de Stan Lee était de faire un plaidoyer sur le handicap (qui est ici la métaphore de la Justice comme nous le disions plus haut) il n’empêche que Daredevil à introduit auprès de ses lecteurs l’idée qu’être handicapé n’était pas une fatalité. On voit régulièrement Matt Murdock faire des choses de la vie de tous les jours, sans forcement que ses supers pouvoirs rentrent en ligne de compte. Lorsqu’il est avocat, il sait faire preuve de pugnacité, il travaille ses plaidoiries et utilise la loi comme n’importe quel autre juriste. Un autre héros ce dessine alors, un héros du quotidien qui surpasse ce qui nous semble à tous un drame insurmontable. Certes Daredevil n’est pas le premier super héros handicapé, mais il est peut être le premier à avoir été considéré aussi bien en tant que héro masqué que comme simple être humain.
Le diable s’habille en latex rouge
Le dernier point qu’il convient de développer sur le personnage, est bien entendu l’imagerie diabolique qu’il emploi. Daredevil qu’on pourrait traduire par « casse cou » signifie littéralement « tente le diable ». On peut y voir d’une part le coté risque tout de notre héros qui effectivement n’hésite pas à prendre des risques énorme (le premier étant quand même d’affronter à 1 contre 5 des types armés jusqu’au dents) mais aussi le fait que Daredevil est souvent sur la corde raide entre servir la Justice et SE faire justice. Faut il tuer un bandit pour l’empecher de nuire encore et toujours ? Faut il user de la loi pour obliger un innocent à aller contre ses intêret afin de pouvoir gagner un procès contre un méchant ?
La lutte interne du héros est tourné de façon quasi biblique (Matt Murdock est croyant) et ses démons intérieur sont parfois bien plus terrible que ses adversaires de chairs et d’os. Intéressant d’ailleurs de voir que si « tête à corne » s’habille tout de rouge, son principal adversaire, le Kingpin (le Caid pour les lecteurs de Strange) est plutôt du genre a porter un blanc immaculé. Le démon habité de bonne intention contre le saint habité par la colère… on ne saurait faire plus caricaturale et en même temps plus juste.
A noté que c’est encore une fois sous la houlette de Franck Miller que le Kingpin à acquis ces lettres de noblesse, passant d’un simple méchant de base à un personnage plus profond, complexe et du coup plus intéressant.
Daredevil était un des personnages phares de Marvel, mais il a fini par disparaitre de la tête d’affiche notamment avec la monté en puissance des personnages mutant (Xmen et consort) et n’est plus apparut alors que comme une figure d’arrière plan, certes « légendaire » de part son histoire, mais bien moins impactant dans l’univers Marvel. Son arrivé prochaine sur le petit écran va lui rendre (je l’espère) une juste place au milieu des Thor, Iron man et autre Spiderman.
La série Daredevil est disponible sur le réseau Netflix. La première saison est déjà entièrement disponible (13 épisodes d’environ 1h chacun).