Cette semaine on file vers Las Vegas pour essayer de déjouer une triple cambriolage ! 3 équipes, 3 cibles, et peu de temps pour agir ! c’est le défi que devront relever les héros de cette histoire de braquage dans le plus pur style Ocean Eleven !
Le coup du triple tango suicide
« Alexandre le Grand »
Long de 7km et balisé au sud par le Mandalay Bay hotel et au nord par le Stratosphère, Le Strip (de son vrai nom Las Vegas Avenue) était le visage et l’âme de la cité du jeu bien qu’une grande partie se trouvait en réalité dans le comté de Clark.
Qu’a cela ne tienne, ce détail n’avait aucune importance pour les quelques 40 millions de touriste qui venaient chaque année, que ça soit pour faire la fête, se marier ou assister à une convention dans l’un des 1200 établissements de la ville.
C’était le genre de calcul qu’aimait faire Alexander Bluesummers, directeur des opérations dans le prestigieux hôtel casino des « milles et une nuits ». Il travaillait là depuis qu’en 2008 un groupe d’investisseur avait profité de la crise immobilière pour lancer un établissement de jeu moderne au beau milieu du carrefour le plus prestigieux du Stip, entre le Flamingo, le Bellagio, le Caesar Palace et le Mirage. Le « milles et une » comme disait les habitués, était à l’époque un établissement fragile que le moindre coup dur aurait put faire chavirer, et qu’Alexander avait tenu d’une main de maitre grâce à une gestion rigoureuse et détaillé.
Mais ce qui faisait réellement d’Alexander un gestionnaire aussi avisé, c’était son expérience de la ville où il avait passé quasiment toute sa vie d’adulte, fréquentant les cercles d’initiés et apprenant les règles secrètes, celle qui ne se trouvait sur aucun manuel mais qui faisait la différence entre le succès et l’échec. Evidemment, cela avait amené Alexander à se retrouver du mauvais coté de la loi, et à fréquenter des gens peu recommandables. Pour autant il n’avait jamais franchi certaines limites, n’ayant comme seul juge que son sens moral.
Et tandis que l’établissement prospérait, celui qu’on surnommait « Alexandre le Grand » devint une personnalité incontournable du Strip, que ce soit dans le milieu underground, dans celui des « grands patrons » ou bien même a l’échelle politique.
Pourtant, tout ces succès ne faisaient pas oublier à Alexander qu’à une époque il n’était qu’un petit arnaqueur sans envergure et qu’il devait son succès a un bienveillant hasard qui l’avait poussé sur la route des bonnes personnes.
Car à Vegas, personne ne se faisait tout seul.
Et c’était parce qu’il était désireux de renvoyer l’ascenseur du Karma que Alexander bataillait bec et ongle avec le comité de direction de l’établissement pour recruter ce que le RH appelait pudiquement des « cas atypiques ». Mère célibataire ayant besoin d’horaires flexibles, ex-détenus incapable de se réinsérer dans une ville ou la toute puissante commission des jeux instaurait des règles drastique à l’embauche… tous les laissés pour contre d’un système impitoyable étaient les candidats privilégiés d’Alexander.
Mais cette bienveillance ne pouvait s’obtenir que par un travail assidu et une loyauté sans faille, non pas à l’établissement, mais à Alexander en personne. Et si cette loyauté devait causer du tort à un de ses employés, tous savaient que « Alexandre le Grand » serait le premier à réagir pour protéger son équipe…
Un cabinet d’amateur
« Mais… c’est quoi un cabinet d’amateur ? demanda Lily à son patron
– C’est à l’origine une toile qui représente l’ensemble de la collection d’un amateur d’art, répondit doctement Alexander tout en signant des papiers, cela sert à synthétiser la dite collection et permettre ainsi a son propriétaire de la voir d’une toute autre façon.
– Et accessoirement de rouler des mécaniques en étalant ses richesses… hum je vois. Et donc cette toile de Balato.. Baldo…
– Baldino, corrigea Alexander, Salvatore Baldino : on le classe parmi les plus grand experts en art de la fin du siècle dernier… et comme le plus grand faussaire de tous les temps
– Un faussaire ? dit Lily. Tu veux dire qu’il peignait des faux tableaux ?
– Non, c’était bien moins trivial. J’ai un livre détaillé sur la question, fais-moi penser à te le prêter. »
Lily retint un sourire : elle savait qu’elle n’aurait jamais besoin de relancer Alexander et qu’il n’oublierait pas cette proposition. Le patron du « milles et unes » avait une incroyable mémoire qui ne lui faisait jamais défaut, et qui devait sans doute contribuer à sa gestion au millimètre de l’établissement. Il connaissait sur le bout des doigts l’emplacement de chaque machine à sous, le réglage de chaque caméra de surveillance, et bien entendu le nom et le dossier de tous les employés.
Ancienne croupière, Lily travaillait depuis plusieurs mois hors de la salle de jeu afin de devenir l’assistante d’Alexander. Car plutôt que de la lancer dans un job qui risquait de la submerger, le grand patron avait décidé de lui faire passer une période d’essai : cela lui laisserait le temps d’apprendre le métier avec beaucoup moins de pression sur les épaules, et de se sentir plus légitime lorsqu’elle entrerait en fonction officiellement.
La mission du jour de la jeune femme était de superviser l’ouverture d’une nouvelle section dans la galerie d’art du casino, section ou se trouvait le cabinet d’amateur de Baldino.
Alexander de son côté parcourait la salle de la galerie d’art afin de juger si la mise en place de Lily correspondait à ces attentes. Mais la jeune femme n’était pas dupe : il n’avait cessé d’avoir l’œil sur l’installation lors des semaines précédente et faisait en sorte qu’elle sache ce qu’il fallait corriger en l’orientant a demi mots vers les bonnes réflexions. Sur ce point, Alexander était un pédagogue qui privilégiait la réflexion individuel plutôt que les réponses toute faites.
Il observa les capteurs de mouvement au sol, et via son smartphone, surveillait les mesures des différents appareils de sécurité. Les lumières, l’hygrométrie, la température, et des dizaines d’autres paramètres étaient mesurés en temps réel et permettaient de réagir immédiatement à la moindre anomalie tout en protégeant les oeuvres, avec en dernière extrémité le verrouillage complet de la salle. Satisfait, Alexander retourna auprès de Lily qui se tenait devant le cabinet d’amateur.
Pour la première fois depuis son installation, la jeune femme pouvait l’observer la toile en prenant son temps, observant chaque petit détail avec.
La voix calme et posé d’Alexander la tira de sa torpeur :
« Tout est ok : tu as fait un excellent travail. Nous allons pouvoir lancer la nouvelle collection comme prévu… »
La jeune femme acquiesça sans un mot et resta silencieuse sans parvenir à trouver quoi dire. Son visage s’empourpra tandis qu’elle se détournait du regard bleu cobalt de son patron.
– Alex ? demanda timidement Lily, tu accepterais de… prendre un verre avec moi ? je veux dire… pour fêter la nouvelle collection ? Ne te méprends pas hein ! insista la jeune femme, c’est juste pour te remercier d’avoir cru en moi… et de m’avoir donné ma chance… »
Ce n’était pas le genre d’Alexander de se répandre en quelles qu’effusions que ce soit, mais la sincérité de Lily le toucha droit au cœur. Elle se donnait beaucoup de mal dans son travail, et avait sincèrement à cœur de bien faire les choses. Lily était soucieuse du bien être des clients de l’hôtel et avait un vrai don avec les gens. Il posa sa main sur son épaule et esquissa un coin de sourire :
« Tu as mérité cette chance, moi tu ne me dois rien. Ta réussite est avant tout le résultat de ton labeur… cependant j’accepte ton invitation de bon cœur » dit Alexander avec sobriété.
Il avait appris qu’accepter la gratitude des autres s’avérait d’une grande importance lorsqu’on donnait sa chance à quelqu’un, car il s’agissait d’une validation tacite. Lily lui sourît en retour sans se douter que le temps des célébrations ne serait pas pour tout de suite…
Phase un : Blitzkrieg
Alexander et Lily se dirigeaient vers le bar de la salle de jeu situé a tout juste 10 mètres de l’entrée de la galerie d’art lorsque le PC sécurité appela Alexander sur son oreillette reliée au réseau de communication interne du casino.
C’était Patty O’brian, l’ingénieur en charge de la sécurité informatique, qui était au bout du fil :
« Patron c’est Patty, désolée de vous déranger mais depuis 10min je relève des tentatives d’intrusion sur la première boucle du réseau.
– Indique moi le type d’attaque, demanda Alexander
– Ce sont des bots qui tentent une attaque DDOS : j’ai pu remonté et filtrer leurs adresses IP et c’est une attaque de petite envergure qui ne comporte qu’une vingtaine de machines…
– Rien qui pourrait faire flancher notre réseau, anticipa Alexander, c’est donc c’est forcément un leurre.
– C’est ce que je me suis dit aussi Patron, du coup j’ai lancé plusieurs routine de vérification afin d’être sûre que tout est ok.
– Tu as bien fait Patty : dans le meilleur des cas ce sont des débutants qui ne se rendent pas compte que leur attaque est dérisoire… mais si c’est autre chose alors il ne faut surtout pas prendre ce signe à la légère. Préviens Maxwel et demande lui de me rejoindre au bar dans la grande salle, et stoppe toutes les opérations de niveau 3 à 5 pendant l’heure à venir. Tant que la menace n’est pas identifiée on ne prend aucun risque.
– Bien compris Patron, je vous tiens au courant dès que j’ai du nouveau » conclu Patty.
Lily qui avait suivi la conversation avec sa propre oreillette s’approcha d’Alexander pour lui parler discrètement :
« Qu’est ce qui se passe ? c’est une cyberattaque ?
– Oui mais elle est dérisoire vu la puissance de notre installation. C’est aussi stupide que de braquer une banque avec un pistolet à eau.
– Une feinte ?
– Un leurre… et je n’aime vraiment pas ça »
Alexander se considérait comme un homme de faits et de données concrètes. Cependant, dans certaines occasions il préférait se fier à « ses antennes » comme il disait, et agir sans forcement avoir toutes les cartes en mains.
En l’occurrence, Alexander était persuadé que l’attaque informatique avait pour but de détourner les efforts du PC sécurité : pendant que les équipes cherchaient à défendre le réseau du casino, elles ne pouvaient pas accorder autant d’attention que nécessaire à la protection « physique » de l’endroit.
Le responsable des gardes et des équipes de la sécurité, Ronny Maxwel, arriva à grand pas auprès d’Alexander et de Lily, le visage marqué par l’inquiétude. Ce n’était pas courant chez ce grand gaillard de près de 2m qui s’était reconverti dans la sécurité après 5 passés chez les Marines.
« Patron, dit-il en parlant le plus bas possible, j’ai demandé à mes gars de rester en configuration statique et de faire du repérage terrain en complément des caméras histoire de repérer si un p’tit malin essaye de nous la faire à l’envers…
– Parfait, répondit Alexander, tu vas rester ici avec Lily et vous vous tiendrez prêt à sécuriser les clients à mon signal.
– On doit s’attendre à quoi ? demanda Ronny.
– A un Blitz » répondit Alexander d’un ton presque lugubre.
Toujours poussé par son instinct, le directeur des opérations du « milles et une nuits » se précipita dans le hall Est, scrutant la salle de son œil aiguisé. En moins d’une seconde, il perçu des milliers de signaux comportementaux inquiétant venant de toutes les personnes ayant vu sur la grande baie vitré faisant face à l’accueil des voituriers : des regards crispés dans une même direction, des gestes inconscients de défense, voir de fuite…
Et puis soudain une déflagration retentit, secouant la façade et brisant les vitres. Bien qu’il ne fût pas aussi expert en la matière que Maxwel, Alexander reconnu le bruit typique d’une munition explosive, sans doute une cartouche de M79.
Profitant des dégâts ayant fragilisé la façade, un véhicule d’assaut type humvee dont le châssis avait été modifié pour en faire une voiture bélier arriva en trombe dans le hall reversant tout sur son passage. Des hommes en tenue de combat armé de fusil d’assaut CZ scorpion EVO 3, sortirent du véhicule et commencèrent à lancer des fumigènes et tirer en l’air pour intimider la foule.
C’était la panique totale dans le hall.
Alexander avait juste eu le temps de se glisser derrière une des colonnes en béton brut pour se protéger de la charge du véhicule, mais la fumée opaque lancée par le commando rendait difficile une évaluation de la situation.
Il activa son oreillette sur le canal d’urgence :
« Patty : Je veux une équipe pour s’occuper des blessés ! Et qu’on fasse sortir tout le monde du hall !
– Je m’en occupe tout de suite Patron !
– Maxwel : il faut regrouper les clients qui sont dans le coin vers la galerie et les barricader dedans : C’est la mission prioritaire des gardes !
– Roger ! dit Maxwel en retrouvant ses instincts de soldat, mais et vous ? vous aller quand même pas essayer de les stopper tout seul ?
– ça n’est pas ma priorité, répondit calmement Alexander qui cherchait du regard où était le commando.
– Alex tu vas bien ? s’inquiéta Lily.
– Je suis ok, dit-il sobrement
– Patron, demanda Maxwel, S’ils ont cessé le feu ce n’est pas une attaque terroriste, ils ont une autre cible en tête !
– Mais ils veulent quoi alors ? demanda Lily inquiète. Ils ne vont pas se contenter de braquer les machines du hall ?
– ça c’est une excellente question… » répondit Alexander.
Phase deux : Baxter et associés
Installé dans le penthouse situé dans les derniers étages du Bellagio, Baxter Fielding scrutait depuis le balcon la façade de l’hotel casino « les milles et une nuits » situé de l’autre côté du Strip sur Flamingo Avenue tout en savourant un pur malt tourbé.
Levé depuis l’aube, il avait répété encore et encore le séquencement du plan avec Sylvia et Tam afin d’être parfaitement sûr d’avoir acquis les automatismes qui feraient la différence dans le feu de l’action. Car malgré toute la confiance que Baxter avait dans ses filles, il ne pouvait cesser de se méfier du hacker que son commanditaire avait recruté pour ce job.
Ce dernier se faisait appeler Overdrive, et avait une excellente réputation dans la profession depuis bientôt 10 ans qu’il exerçait, contribuant uniquement à des vols de grande envergure. Mais voilà : Overdrive était le genre de puriste qui était plus intéressé par le crime que par le bénéfice qu’il pouvait en retirer. Il ne voulait pas simplement s’attaquer aux défense informatiques les plus solides au monde et les faire céder, il voulait le faire avec la manière, et pourquoi pas en narguant ses adversaires.
Ce manque d’humilité et ce gout pour le danger, Baxter l’avait trop souvent vu durant sa longue carrière de cambrioleur, et il savait que si lui avait réussi à durer et à éviter les coups dur, c’était parce que justement il savait rester modeste dans ses ambitions. Comme il n’avait cessé de le répéter à Tam et Sylvia « sois sûr de pourquoi tu fais le job »
Baxter regarda sa montre gousset, une antique Breguet avec un cadrant argent, attendant avec patience le début des hostilités. Il réajusta son oreillette et se mit devant son ordinateur portable d’où il pouvait piloter les communication avec son équipe. Sur l’écran, le logiciel de cryptage de son émetteur haute fréquence confirma que le canal de transmission était sécurisé.
« Les filles ? demanda-t-il, on va bientôt passer à l’action.
– Bien compris, répondit Sylvia à voix basse. Nous sommes en position avec Tam, on attend le signal d’Overdrive. »
Baxter sentit une pointe d’anxiété l’envahir. Il ne voulait pas laisser paraitre son stress a ses filles, mais il ne put se retenir davantage :
« Soyez extrêmement prudente. On s’attaque à forte partie aujourd’hui : Bluesummer n’a pas reçu le surnom d’Alexandre le Grand pour rien.
– Ne t’en fais pas, répondit Tam avec entrain. Tout va bien se passer Papa.
– Je l’espère… » soupira Baxter.
Overdrive prit alors la parole, sa voix dissimulée par un filtre audio qui la faisait sonner comme celle d’un robot.
« La frappe informatique est amorcée : opération œil de chat dans 60 secondes… »
Phase trois : Rapide et furieux
Tandis qu’on entendait au loin le bruit des coups de feu et les cri de paniques des clients, Christo et Quintana s’acharnaient à désactiver le panneau de contrôle du garage sous terrain du casino. Ils devaient aller vite, car leur manœuvre serait rapidement repérée et ils n’auraient que peu de temps pour s’emparer de leur objectif et prendre la fuite.
Tandis que Quintana terminait d’installer la dérivation de l’alarme qui leur offrirait un peu de temps, Christo se pencha sur les deux gardes qu’il avait mis ko en arrivant afin de s’assurer qu’il ne reprenait pas conscience.
« Tu étais vraiment obligé d’y aller aussi fort ? » demanda Cecilia bougonne.
Le colosse portoricain se tourna vers celle qui était l’amour de sa vie et lui sourit.
« Tu sais comment je suis, guapa, dès que je vois un homme trop près de toi ça me rend nerveux… »
Christo n’avait pas trop apprécié l’idée d’utiliser Cecilia comme appât pour détourner l’attention des gardes et pouvoir ainsi accéder au garage, mais il dut reconnaitre que la manœuvre avait été efficace. Il enlaça un court instant la jeune femme comme pour la rassurer, mais en réalité c’était lui-même qu’il voulait apaiser.
Quintana grimaça en voyant les deux tourteaux : ce n’était pas pro de se laisser aller à ce genre d’effusion pendant un job.
« Hey les amoureux ! préparez vous au lieu de vous bécoter : dès que la porte sera ouverte on aura très exactement 190 secondes pour agir ! »
Christo laissa échapper un soupire et prit position devant la porte à double verrou électromagnétique et guetta le signal de son ami. Cecilia retourna vers le couloir d’accès au garage afin de s’assurer que personne n’approche.
« Listo cabron ? » demanda Quintana que l’excitation du moment rendait joyeux à son partenaire.
Ce dernier se contenta d’un hochement de tête.
Quintana activa le dispositif de brouillage qu’il venait d’installer sur le panneau de contrôle, et aussitôt les verrous magnétiques se détachèrent, laissant au trio l’accès à la zone privatisée du garage, et révélant leur cible, la seule et unique Maybach Exelero au monde.
La Exelero était un véhicule prototype, un monstre de 700 chevaux déployant 1 000 newton mètre de couple, qui avait été conçu pour célébrer les cent ans de la marque Maybach. Large et massive à l’avant, la ligne de la Exelero était élégante et de plus en plus profilé jusqu’à se finir tout en courbe dans le plus pur style des 911. La robe noir brillant de la machine et ses énormes jantes de 23 pouces ajoutaient une touche finale à son charme mêlant puissance et élégance.
Christo eut le souffle coupé : voir une telle voiture n’était pas anodin pour le passionné de mécanique qu’il était, et il frissonna d’avance à l’idée de monter à bord et de prendre la fuite…
Quintana programma une dernière consigne dans le panneau de contrôle tandis que Christo ouvrit la serrure de la voiture avec habileté avant de s’engouffrer à la place du conducteur.
Cecilia le rejoignit sur le siège passager tandis que Qintana forçait la porte d’un autre véhicule, une Porsche 911 Targa 4S. Le petit coupé cabriolet 6 cylindre biturbo équipé d’une boite de vitesse PDK serait une prise supplémentaire parfaite pour l’équipe. Certes, la Maybach allait leur rapporter un paquet de dollars, mais tant qu’a faire, un petit bonus ne serait jamais de trop et partir a deux véhicule limiterai les risques de se faire prendre.
Comme Christo disait toujours : il faut se garder une poire pour la soif…
Phase quatre : chaos
Alexander utilisa les fumigènes a son avantage pour s’approcher du véhicule du commando, son costume blanc l’aidant à être plus furtif.
Il entendit alors le Patty dans son oreillette :
« Patron, l’évacuation du hall est presque finie : tous les clients sont retranché dans la galerie !
– Parfait, tu lanceras le verrouillage quand Ronny te le confirmera.
– Entendu ! »
Alexander pouvait sentir l’anxiété dans la voix de Patty. Bien que compatissant, il avait besoin qu’elle soit attentive et vigilante.
« Patty ! je sais que ça doit être impressionnant, mais tu fais du bon boulot et il n’y a pas de raison que ça change.
– Je sais Patron… c’est juste que… je me sens tellement impuissante là-haut…
– Le PC sécurité est notre ultime ligne de défense, et grâce à toi on va juguler cet assaut. Tu peux pourrir la journée de ces salopards, et ça tu le sais au fond de toi »
Patty comprenait ce qu’Alexander essayait de faire… et c’était plutôt efficace.
Il entra dans le véhicule pour y chercher des indices sur les assaillants et leur motivation. Mais le humvee était vide, mis à part quelques chargeurs de munitions qui trainaient dans un des rangements des portières. Puis quelque chose attira l’attention d’Alexander : la direction du véhicule était complètement bloquée, ce qui voulait dire que les assaillants ne pourraient pas utiliser cette voiture pour prendre la fuite.
Mais à peine eut-il fait ce constat que son oreillette sonna à nouveau
« Patron ! dit Patty d’un air inquiet, il y’a une nouvelle attaque sur le réseau, mais cette fois c’est du sérieux !
– Dis m’en plus.
– Quelqu’un s’amuse à activer toutes les alarmes ! thermique, verrouillage, capteur laser… tout est allumé comme un foutu sapin de noël ! »
Alexander estima la situation en un instant. Ceux qui étaient responsable de cette attaque étaient brillant, car ils avaient utilisé la première attaque pour dissimuler une manœuvre bien plus audacieuse : Une fois l’assaut commencé, saturer les capteurs rendait le contrôle électronique inutile, laissant la possibilité au commando d’aller ou bon lui semble sans qu’il soit possible de le tracer. De plus, comme ils ouvraient le feu sur toutes les caméras sur leur chemin, il était d’autant plus difficile d’anticiper leurs actions.
« Patty : verrouillage total sur toutes les sections ! tant qu’il n’y à pas 200 flics devant l’entrée on limite les mouvements de tout le monde.
– Entendu Patron… vous nous rejoignez ?
– Non : fais revenir tout le personnel et ensuite tu verrouille l’accès au PC sécurité, protocole « rideau de fer ». Moi je dois m’assurer que personne n’est en danger.
– Très bien, répondit Patty résignée, avec l’équipe on va se concentrer sur le contrôle du réseau… ces salopards vont voir de quel bois on se chauffe !
– Je sais que je peux compter sur vous : déglinguez-moi ces fumiers et reprenez le contrôle de mon casino ! » conclu Alexander avec pugnacité.
Phase cinq : l’œil du chat
Lorsque les coups de feu avaient commencé à retentir, les agents de sécurités de l’hotel casino reçurent l’ordre de confiner les clients dans des zones « sûres » et de verrouiller les accès derrière eux.
C’est ainsi que Sylvia et Tam furent emmenées dans la galerie d’art au milieu des dizaines d’autres clients.
« T’as vu ça Sylvia ? demanda Tam à son ainée. Y’a des coups de feu mais tu as des gogos qui veulent qu’on les laisse jouer leur main au poker…
– Je ne comprendrai jamais les joueurs ! » dit Sylvia en soupirant
Les deux sœurs observaient les clients, guettant une opportunité pour agir.
« Il y’a du beau monde ici dit donc… murmura Sylvia, regarde la blondinette la bas, c’est la fille du gouverneur du Nevada. Elle a l’air sur le qui-vive dis donc…
– je crois qu’avec 4 gardes du corps pour s’occuper d’elle il n’y a pas trop de raison de s’inquiéter ? ironisa Tam.
– de toute façon la meilleure prise ce n’est pas elle : tu vois le type qui essaye de se faire discret dans le coin à côté du Klimt ?
– C’est un Klimt ça ?
– Seigneur, comment peux tu autant manquer de culture ? évidemment que c’est un Klimt : c’est « la Vie et la Mort » une huile sur toile de 1915
– Oh ça va ! s’énerva Tam, c’est la gamme de couleur employée qui m’a induite en erreur : pour Klimt c’est avant tout du jaune… mais reviens en à ton type discret, c’est qui ?
– C’est Jethro Arclite, un enquêteur de la commission des jeux… et là tel que tu le vois, il en mission d’espionnage.
– La commission à le droit de faire ça ?
– absolument pas : si jamais la sécurité contrôle son identité et découvre ce qu’il fiche ici… ça pourra être considéré comme de l’espionnage industriel ou tout du moins un manquement aux lois fédérales…
– Je comprend mieux pourquoi il se la joue incognito… »
Les deux sœurs reçurent une discrète alerte de leur père via leur oreillette :
« Les filles ? demanda-t-il, on va bientôt passer à l’action.
– Bien compris, répondit Sylvia à voix basse. Nous sommes en position avec Tam, on attend le signal d’Overdrive.
– Soyez extrêmement prudente. On s’attaque à forte partie aujourd’hui : Bluesummer n’a pas reçu le surnom d’Alexandre le Grand pour rien.
– Ne t’en fais pas, répondit Tam avec entrain. Tout va bien se passer Papa.
– Je l’espère… » soupira Baxter.
Overdrive prit alors la parole, sa voix dissimulée par un filtre audio qui la faisait sonner comme celle d’un robot.
« La frappe informatique est amorcée : opération œil de chat dans 60 secondes… »
La pression grimpait : il leur faudrait agir en moins de 30 secondes le tout au milieu d’une foule déjà paniqué par l’attaque du hall. Sylvia encouragea ça cadette d’un signe de tête auquel Tam répondit par un clin d’œil.
« Œil de chat 30 secondes… dit Overdrive »
Les deux sœurs étaient maintenant à proximité du cabinet d’amateur. Tout était en place.
« Œil de chat dans 5, 4, 3, 2, 1… »
C’est alors que la galerie fut totalement plongée dans le noir.
Phase six : machinations et faux semblant
Dans le hall, les fumigènes de combats étaient en train de se disperser, mais toujours aucune trace des commandos à l’horizon.
Alexander essayait de garder son calme, mais la frustration grandissante qu’il ressentait ne facilitait pas les choses. Il essaya de poser la situation sous forme logique, en se posant des questions élémentaires. Pourquoi faire usage d’autant de violence pour forcer le passage ? Si ce n’était qu’un leurre, quelle pouvait être la véritable cible des assaillants ?
D’après les dernières positions qu’avaient put capter les caméras de surveillance, le commando avait progressé jusqu’à l’une 4 zones de chargement extérieur. Sauf que l’accès avait été verrouillé et qu’a moins d’utiliser des explosifs, ils ne pourraient pas emprunter ce chemin.
C’est alors que Alexander compris le véritable but de la manœuvre…
« Lily ! appela-t-il via son oreillette, donnes moi la situation de la galerie !
– Avec Ronny on a rassemblé tous les gens qui étaient dans le coin et j’essaye de garder tout le monde au calme… mais je crois que nos clients dubaïotes ne sont pas très enclin a suivre les recommandations d’une femme.
– Ne t’en fais pas pour ça, tant qu’ils sont à l’abris le reste est secondaire…
– Je sais… de toute façon je n’ai pas l’intention de… HEY ! MAIS QU’EST QUE…
– Lily !
– La lumière viens de s’éteindre ! »
A travers l’oreillette de Lily, Alexander pouvait entendre les cris de panique des clients confinés. Mais fut agréablement surpris d’entendre aussi la voix de Lily qui demandait à tout le monde de garder son calme avec un aplomb dans la voix qu’il ne soupçonnait pas chez la jeune femme. Au bout d’une trentaine de seconde, la lumière se ralluma, accompagné d’un soupire de soulagement de tous.
« Alex, le courant est revenu mais… ah bon sang… on vient de se faire piquer le cabinet d’amateur ! »
Aussi étrange que cela puisse paraitre, Alexander esquissa un sourire satisfait.
« Très bien… marmonna-t-il, Patty, j’ai besoin que tu déverrouille le périmètre de sécurité : la partie est terminée… »
Mais tandis qu’il remontait vers le PC sécurité, Patty lui adressa un autre message alarmant :
« Patron ! on à récupérer les caméras et… il y’a eu une intrusion dans le garage…
– Mais ce n’est pas le commando pas vrai…
– Non, deux hommes, hispaniques, la trentaine… ils ont un otage ! c’est…
– La fille du gouverneur… j’en étais sûr ! préviens Maxwel : je pars à leur poursuite ! »
Ultime phase : le coup du triple tango suicide
Jethro Arclite jubilait. Alexandre le Grand venait de tomber, vaincu qu’il était par une stratégie imparable qui ne lui laissait aucune chance. La triple attaque avait nous seulement couté très cher au casino, mais lui offrait la vengeance qu’il attendait.
Audacieusement, il s’était servi de son rôle d’agent de la commission des jeux (et donc d’agent fédéral) pour faire croire aux gardes de la fille du gouverneur qu’il avait pour mission de l’évacuer dans un lieu tenu secret. Mais contrairement à ce qu’Alexander croyait, ce n’était pas elle qui se trouvait dans la voiture qui venait de prendre la fuite, mais une complice suffisamment grimé pour donner le change aux caméras.
Via le cheval de Troie qu’il avait implanté dans le réseau de sécurité il y’a des mois, Jethro pouvait utiliser toutes les caméras de l’hôtel et espionner les échanges entre les équipes. Via son smartphone, il vit la voiture d’Alexander sortir en trombe du parking à la poursuite de la Maybach.
Tout se déroulait comme prévu.
Serrant de prêt la jeune femme, il continuait son bluff pour maintenir son emprise sur elle et la maintenir docile. Le hall étant fermé, les clients avaient été réorientés en direction de la sortie donnant sur Flamingo avenue. Plus que quelques mètres, et ils auraient quitté le casino.
C’est alors que Jethro sentit une main ferme le saisir par l’épaule. Il se retourna, prêt à frapper, mais fût surpris par un uppercut au foie expédié à la vitesse de l’éclair. Le choc le cassa en deux et le fit basculer dans les bras de son agresseur. Ce dernier le redressa et planta son intimidant regard bleu cobalt dans le sien…
« Je crois que nous avons des choses à nous dire Jethro ! » lança Alexander
L’agent de la commission des jeux n’y comprenait plus rien.
« Visiblement tu connais déjà mon assistante, ajouta Alexander, mademoiselle Lily Hamilton »
Et Jethro d’être encore plus stupéfait en voyant que « la fille du gouverneur » n’était autre que Lily portant une perruque blonde.
« On surestime beaucoup notre capacité à reconnaitre des gens célèbres dans la vraie vie, ajouta Alexander tandis qu’il entravait les mains de Jethro avec un cordon de serrage en plastique.
– Mais… mais comment !?? je t’ai vu partir salopard ! tu viens de partir du garage !
– Et non mon cher, là encore c’est de la pure intox. Ce que tu as vu partir c’est ma voiture en effet, mais celui qui est au volant c’est Ronny Maxwel, le chef des gardes. »
Jethro était totalement sous le choc, incapable de comprendre ce qui c’était passé.
« C’était audacieux d’avoir tenté un coup pareil, vraiment. Mais il t’as manqué une petite chose pour réussir cette arnaque : pour réussir le triple coup du tango suicide, il faut que chacune de tes trois équipes ignore l’existence des autres…
– Quoi ? mais qu’est ce que…
– c’était vraiment brillant, j’insiste, 3 équipes, 3 cibles, et toi qui constituait la quatrième équipe, l’équipe fantôme qui manœuvre l’ensemble pour atteindre la plus importante des cibles, mais aussi la mieux protégée de toutes. Mais tu as commis un péché d’orgueil en utilisant le même hacker pour toute tes attaques… »
Jethro fou de rage commença à déverser un tombereau d’injure à Alexander qui de son côté ne se dépareillait à aucun moment de son calme olympien.
« … parce que figure toi que ton hacker se trouve être mon chef de la cybersécurité » annonça Alexander comme un juge prononçant un jugement.
Cela faisait plusieurs semaines qu’Alexander était informé des intentions de Jethro, d’une part parce qu’il avait contacté Overdrive, mais aussi parce que Baxter l’avait informé de la situation.
Sur le strip, tout le monde craignait ou respectait Alexander, et dans le milieu, une sorte de code d’honneur était de rigueur. Or Baxter était une connaissance d’Alexandre le Grand, et en bon gentleman de la cambriole, il se devait à minima d’annoncer son coup. En échange de quoi, il savait qu’Alexander ne jetterai pas ses filles en pâtures à la police si les choses tournaient mal, mais que cela se réglerait à l’amiable.
Aussi méticuleux qu’ai été le plan de Jethro, c’était le plan d’un bureaucrate, d’un homme qui ne connaissait pas les règles en vigueur, mais surtout qui ne connaissait pas les valeurs des hommes et des femmes qu’il avait engagé.
Sachant tout cela, il avait été facile de le manipuler, et de lui faire croire que son plan fonctionnait. Car il ne suffisait pas de l’arrêter pour avoir comploter un kidnapping, il fallait le prendre en flagrant délit, la main dans le sac.
Ainsi, tous les clients dans le hall étaient en fait des agents qui savaient qu’une attaque allait avoir lieu. Idem pour les gens enfermés dans la galerie dont le rôle était de rassure Jethro et les sœurs Fielding
Jethro était sonné par tant de révélation. Son plan c’était totalement retourné contre lui. La vengeance qu’il voulait exercer contre le gouverneur pour avoir lancé une enquête sur lui allait devenir la cause de sa chute. Et tandis qu’il commençait à comprendre les conséquences de son échec, il vit passer dans la rue la Maybach, la Porsche et la Maserati d’Alexander, toute 3 bien aligné et faisant chemin vers le parking.
« S’il y’a la moindre rayure : c’est toi qui paie les dégâts » ironisa Alexander.
Épilogue : Ce qui se passe à Vegas reste à Vegas
Assit devant les fontaines du Bellagio, Baxter, Sylvia et Tam attendaient la venue d’Alexander. La fraicheur du soir faisait remonter les parfums du désert, ajoutant à la beauté du décor une touche enivrante.
Alexander arriva sans un mot, adressa une poigné de main amicale à Baxter, et une bise à l’européenne à chacune des sœurs. Il prit ensuite place à côté de Tam, et regarda lui aussi les fontaines et leur ballet aquatique.
« Ca fait plaisir de te voir mon grand, dit Baxter, avec tout ce bordel on ne prend même plus le temps de se faire quelques politesses…
– On se fait vieux, ajouta Alexander, le code d’honneur, le respect des ainés… c’est quelque chose qui se perd.
– N’est-ce pas ? dit Sylvia d’un air taquin à Tam. »
Tous échangèrent un fou rire.
« Tu sais Alex… si j’avais su dès le départ que tout ça c’était pour kidnappé une gamine, jamais je ne m’y serait mélé, et encore moins avec les filles dans le coup !
– Je sais Bax, répondit Alexander avec une pointe de mélancolie, c’est toi qui m’a appris ou était la limite et qui m’a éviter de devenir un type sans foi ni loi. Pour moi ta parole vaut de l’or… »
C’est alors qu’arriva un serveur du « milles et une nuits » poussant un chariot de traiteur avec des amuses bouches et un magnum de champagne.
« Je me suis dis que ça méritait un toast » expliqua Alexander presque timidement en passant les verres à ses « invités ».
Après avoir but sa coupe et avalé quelques tartelette salées, Tam s’allongea sur le bord de la fontaine, tendant le bras pour sentir les infimes petites goutte portées par le vent lui picoter la peau. Le regard tournée vers le ciel, elle interpella Alexander :
« Dites-moi mister Bluesummer, dit la jeune fille avec humour, c’était pas un peu risquer de laisser un commando charger votre façade ?
– Non, eux aussi était de la partie. Ce sont des anciens marines qui m’ont été recommandé par mon chef de la sécurité, et moi je les ai fait recommander à Jethro par l’entremise de son hacker…
– Hacker qui était votre chef de la sécurité c’est bien ça ?
– C’est bien ça.
– Alors pourquoi il n’y avait que Papa au courant ?
– Vous étiez dans la galerie avec Jethro, si vous aviez été dans le coup il l’aurait senti »
Tam se sentie un peu vexée sur le coup, mais au final compris que c’était parfois nécessaire de manipuler son équipe dans ce genre de cas extrême.
Baxter reposa sa coupe sur le chariot puis se prépara à repartir vers sa suite. Il se tourna une dernière fois vers Alexander :
« Dis moi mon grand… le tableau c’est vraiment pas possible de… ?
– Sacrée Baxter ! tu ne changeras jamais. Ce tableau je vous ai laissé le prendre pour que la supercherie fonctionne. Tu ne l’as pas gagné à la loyale !
– On remet ça ? proposa Sylvia sur un air provocateur, toi et ton équipe contre nous trois !
– Les Cat’s Eyes au grand complet… voila qui promet un bel affrontement… très bien j’accepte le défi. Tout le monde suit les règles, tout le monde paye ses comptes. »
Après une dernière embrassade, les Fieldings retournerent vers le Bellagio tandis qu’Alexander restait devant les fontaines, savourant cet instant de paix et de calme avant de replonger à nouveau dans le tumulte…