Parler du GamerGate est un challenge en soi tant tout à été dit sur le sujet. De toute évidence, je n’ai pas grand chose de mieux à dire que ce que des gens bien plus calé que moi sur le sujet ait put déjà rédiger et avec une audience bien plus grande que celle très modeste de Top Five.
Pour autant, je ne vais pas me priver d’y aller de mes « two cents »…
Petit rappel express pour ceux du fond qui n’ont pas eut de contact avec l’univers depuis quelques mois, le GamerGate est un « mouvement » très virulent qui s’est formé après que la développeuse de jeu vidéo indépendant Zoé Quinn ait été harcelé suite aux déclarations d’un ex disant qu’elle avait couchée avec un journaliste pour avoir un bon papier sur un de ses jeux. L’affaire à rapidement dérivé et le débat est devenu un véritable champ de bataille entre ceux qui considèrent que cette affaire est avant tout un problème concernant l’éthique des journalistes, notamment dans le monde des jeux vidéos (les autoproclamé « GamerGater ») et ceux qui considèrent que c’est un problème révélateur de la misogynie qui règne dans le monde des médias… et notamment des jeux vidéos (ceux surnommé par leurs opposant les SJW : social justice warriors).
Avant toute chose, je tenais à souligné l’ironie qui fait que ce sont les GamerGaters eux même qui ont trouvé un surnom vraiment cool à leurs opposants qui n’avaient finalement pas tellement de manière de clairement se positionner sur cette affaire.
Pour conclure cette présentation, sachez que je me place du coté des SJW, et que par conséquent mon discours sera forcément partisan. Je ne prétend pas à l’objectivité (si tant est que ça soit possible) mais je vais tacher le moins possible de tirer dans le tas sans avoir un minimum d’argument et de réflexion.
Maintenant que le décor est planté, revenons en à cette histoire « d’éthique dans le journalisme ». La presse vidéo ludique n’est pas réputé pour son indépendance, et ce n’est pas nouveau. Il y’a quelques temps, l’affaire du « DoritosGate » avait fait du bruit, révélant le mercantilisme extrême qui régnait dans les grands média (ce que tout le monde savait déjà cela dit en passant…) et les joueurs s’étaient offusqués à juste titre dans les grandes lignes.
Mais alors comment se fait il que cette affaire là n’ait pas donné lieu à la véritable chasse aux sorcières que suscite le GamerGate ? Pourquoi la corruption de ceux qui sont les vitrines de la plus grosse industrie des loisirs au monde n’a pas donné lieu à un affrontement aussi violent ?
La première différence selon moi était que dans le cas du DoritosGate, les « méchants » n’ont jamais été vraiment personnifié : c’était le peuple face à un média, une personne morale et ses serviteurs, mais pas un individu. Et puis surtout tout le monde était à peu prêt du même coté : les joueurs unis sous la bannière de l’indignation face à la logique « fric = pognon » qu’on leur servait depuis un bail. Au pire certains pensaient que c’était un mal nécessaire et que une aussi grande industrie avait besoin d’un moteur économique puissant pour continuer à avancé (ce que l’explosion de la scène indé il y’a quelques années à totalement remis en question).
Le GamerGate lui est véritablement un affrontement entre deux groupes d’individus avec au milieu des cibles bien réel : des femmes qui subissent des menaces de viol ou de mort. Une véritable violence, crue et morbide, qui change totalement la donne lorsque l’on regarde cette affaire.
J’ai pour ma part évoqué le GamerGate auprès de gens extérieur à l’univers du jeu et des médias sociaux. Homme ou femme, leur réaction à quasiment toujours été « quoi ? tout ça pour des jeux vidéos ? ». Ce point de vu est particulièrement intéressant car il nous ramène à la perception qu’on les gens des jeux : des loisirs, des trucs pour ado qui font « bip bip », des bonhommes en 3D qui tirent avec des pistolets laser sur des monstres en forme d’insecte, des pin ups japonaise à grosse poitrine qui se battent en défiant les lois de la physique…
On ne peut pas en vouloir aux gens d’avoir ces clichés en tête, car ils sont le plus souvent la seule face visible de l’industrie des jeux pour les non initiés. Alors oui, du coup, pourquoi s’intéresseraient ils à ces jouets high tech pour grands enfants ? en quoi ce combat mérite t’il une telle violence ?
C’est en partie le discours que tiennent les GamerGater lorsqu’on leur parle des problèmes de représentation (que ça soit celle des femmes, des minorités ou même des hommes) la réponse est alors sans appel : « ce n’est qu’un jeu ». Cependant de façon presque schizophrénique, ils défendent les jeux vidéos comme étant plus qu’un simple loisir, mais comme étant une culture à part entière dont certains jeux seraient les piliers qu’il faut considérer comme des œuvres d’arts.
Sur ce dernier point je ne leur donne pas tord : il y a véritablement un univers et une culture du jeu vidéo, avec ses grands génies et ses œuvres phares. Il est donc logique que cet art soit défendu avec véhémence, mais ce n’est malheureusement ici pas le cas. Les GamerGater ne défendent pas le jeu, ils ne défendent pas la liberté d’expression que ce média permet, au contraire : ce sont des conservateurs virulent qui ne tolèrent pas qu’on leur montre les faiblesses de ce qu’ils pensent être la norme et qui veulent réduire au silence ceux qui s’opposent à eux de quelque façon que ce soit. Le GamerGate est l’affirmation par des individus profitant de l’anonymat du net de leur domination.
Il est crucial que le public extérieur au jeu vidéo réalise que ce média est un média comme les autres : il peut être mercantile et racoleur, primitif et simplement divertissant ou bien profond et créatif. Le jeu vidéo n’est pas l’apanage de cette caste autoproclamé qui se veut garant de qui est gamer et qui ne l’est pas. Le jeu n’a pas qu’une seule forme, pas qu’une seule voix. Comme toute extension de notre pensée, le jeu est aussi pluriel qu’il y’a d’individu qui le conçoivent. Il doit être défendu contre ceux qui ne veulent en faire qu’un pompe à fric, mais aussi contre ceux qui veulent le figer dans un état qui leur sied.
De même que le cinéma, le jeu vidéo doit prêcher toutes les paroisses, aborder toutes les dimensions. Nous ne voudrions pas d’un monde ou tous les livres se ressemblent, nous n’aimerions pas devoir dessiner sans cesse les mêmes choses. Les GamerGater disent qu’ils veulent une presse éthique, qui respecte leur média favori ? alors qu’ils commencent eux même par avoir un comportement à la hauteur de cette attente : qu’ils acceptent que leur monde change, et que tous puissent y entrer, car le cas échéant, ils seront les propres artisans du rejet du jeu vidéo par le grand public. Au final ils seront ce qu’ils reprochent au SJW : des fausses victimes incapables d’ouvrir les yeux.