Dès lors que Tarantino eut passé au yeux du public sa période “post découverte”, les critiques en tout genre n’ont pas cesser d’esperer retrouver dans les opus du trublion ce qui a fait son succès. Dans un sens, ces types sont des masochistes qui critiquent Tarantino quand il ressasse ses habituelles gimmicks, et le critiquent plus encore lorsqu’il s’essaye à autre chose.
Je m’exclus donc de la liste des fin connaisseurs capable de dire si ce nouveau film est digne du maitre : je me contenterai d’en parler comme un simple spectateur fraichement sorti de la salle.
Inglorious Basterds retrace une étrange odyssée, dont le fond est un des thèmes récurent du cinéma de Tarantino (et là vous vous dites “ça commence mal pour une critique de simple spectateur !”… mauvais que vous êtes) a savoir la vengeance. C’est d’abord celle de la jeune Shoshana Dreyfuss (Mélanie Laurent, sublime dans tous les sens du terme), seule survivante du massacre de sa famille par les SS. Et puis c’est aussi celle plus indirect d’un commandos de soldat juif américain bien décidé a frapper leurs ennemis de terreur en jouant les guérilleros.
A la vision classique du Paris occupé tel que le cinéma américain l’a dépeint pendant des années, Tarantino choisit une vision moins carte postale de notre pays. Ou plutôt ci, mais une carte postale de cinéphile, un Paris des années 30 passé à la moulinette de l’objectif. La ville à très peu d’identité, on ne voit pas une seconde la tour Eiffel, ce qui renforce plus encore cet aspect cinématographique. Le cinéma toujours, grande passion du réalisateur depuis toujours, devient un des éléments de l’intrigue, justifiant les chassés croisés et les dialogues.
Parlons en justement… c’est peut être la ou Tarantino n’a pas sut gérer son effort (vous remarquerez le subtile usage de termes sportifs créant un effet amusant de décalage tout en restant compréhensible) et qu’il a fini par essouffler son film. Car même si les dialogues sont bien écrit, ils alimentent une machine qui n’a plus le temps d’exister à cause de leur omniprésence. Le découpage scénique est quasi théâtrale et ne donne finalement pas l’opportunité aux actes d’avoir l’impact qu’ils auraient put / dut avoir.
Serait ce de l’esbroufe ? ça sera mal connaitre Tarantino : oui c’est un effet de style, mais non il n’est jamais gratuit. Rien ne sort du cadre, tout est bien en place, mais ce qui gêne c’est que les dialogues et la mise en scène promettent et que les actions en conséquences n’offrent que peut de récompense en retour.
Reste que Inglorious Basterds offre un regard très différent de la 2eme guerre mondiale, et son final, totalement révisionniste, remet alors le film à sa place, celle d’une fiction, d’un récit avec son univers et ses personnages.
Si le casting est impeccable de bout en bout et que le moindre figurant y est parfait, je voudrais porter une mention toute particulière a Mélanie Laurent (et non ce n’est pas parce qu’elle à l’un des plus beaux regards du cinéma actuel) car elle est tout simplement bouleversante dans ce film. Lors d’une scène ou elle se retrouve confronter à l’assassin de sa famille et ou elle doit cependant faire bonne figure, elle laisse entrevoir toute la pression du personnage, et lorsqu’enfin son supplice s’arrête, elle délivre un torrent d’émotion qui nous agrippe a travers l’écran. Pas d’artifice de montage ou de lumière, rien, juste un talent indéniable. Tarantino à visiblement laisser l’émotion aux femmes de son film, car Diane Kruger (dans un autre registre) est elle aussi très pertinente dans son rôle et il est bien dommage que le réalisateur n’ait pas donner un peu plus de substance a son héroïne. Le même reproche pourrait se faire pour la plupart des personnages : finalement esquissé plutôt que dessiné, ils restent trop flou pour être vraiment marquant, mais trop imprégné de charisme pour être oubliés.
Bon ou mauvais Tarantino ? je pencherai plutôt pour parler d’un bon film, original, audacieux jusque dans son dénouement, et qui nous laisse a penser qu’un genre même usé jusqu’a la corde peut encore nous apporter du neuf, pour peu qu’on y mette un peu de sentiment. Et ça à n’en pas douter, le père Quentin en à mit des tonnes, son amour du cinéma reste son meilleur outil pour façonner du rêve sur pellicule. Et puis, le film commence par un “once upon a time…” n’est ce pas la preuve de sa nature fantaisiste ?