Tout commence avec une histoire tristement banale.
Une jeune femme à un arrêt de bus en soirée se trouve confronté à un exhibitionniste qui commence à faire sa petite affaire juste a coté d’elle. La jeune femme prend peur et pousse un cri qui fait s’enfuir le pervers, ce dernier constatant sans doute que des gens arrivent alentour.
Choqué par cette agression, la jeune femme fait le récit de sa mésaventure sur Twitter, et témoigne de la peur qui fut la sienne. Puis, après avoir digérer le coup, elle reprend son trajet.
C’est la que commence vraiment mon histoire…
Si parmi les premiers retours on trouve des témoignages de sympathie, d’autres se trouvent être des messages fort peu à propos, voir même carrément accusateur vis à vis de la jeune femme, lui reprochant notamment sa “nonchalance “ a raconter cette histoire, mais aussi de se plaindre des faits alors qu’elle n’a pas été porter plainte immédiatement.
Je trouve aberrant qu’on lui reproche d’avoir twitté son histoire (sans doute que ses détracteurs l’auraient préférer roulée en boule et larmoyante en attendant qu’une main secourable vienne la tirer de sa tétanie ?) : au contraire, je comprend tout à fait que suite à un traumatisme assez violent, le premier réflexe d’un individu soit de l’exorciser en en parlant, que ça soit via Twitter ou un autre médium. Au contraire, le fait que le net offre un certain dégrée d’anonymat permet de plus facilement franchir ce cap douloureux de la confession (pourtant si salutaire) et donc semble une réaction si ce n’est logique en tout cas compréhensible.
Il est aussi totalement crétin de lui reprocher d’avoir continuer le cours de son existence avec pour seul argument “si t’es si choqué pourquoi tu portes pas plainte ?” : coup double ! soit on minimise les faits (genre “c’est pas si grave il t’as pas touché”) ou on culpabilise la victime (genre “mais enfin comment peut tu continuer ton chemin après avoir subit ça ?”)
Bref un bon discours plein de hargne qui aimerai que les victimes fassent moins de bruit sur le net, parce que bon, ça va bien 5min mais au bout d’un moment on aimerait bien pouvoir s’échanger des Jailbait en paix.
Bien que le trouvant foncièrement injuste, j’ai fini par comprendre d’ou venait ce déni de la peur de la part de beaucoup d’hommes : c’est tout simplement le fait que nous n’avons pas peur, nous ne connaissons et nous ne connaitrons jamais cette peur car elle ne fait pas parti de notre éducation. Au contraire, dans l’histoire de la peur, nous pensons être des loups qui décident complaisamment du destin des agneaux.
Les filles entendent très tôt qu’elles doivent avoir peur, qu’elles sont fragile et que nous sommes forts. Cent fois ont leur répète d’être prudente, matérialisant un peu plus le danger dans leur tête. Plus vicieusement, les garçons aussi entendent ce même discours : il les poussent a croire que la réalité est ainsi, qu’ils sont les prédateurs, et que la seule posture alternative possible est celle du vaillant chevalier blanc, défenseur et protecteur de la faible princesse.
Nos récits ont engendré cette chaine alimentaire virtuelle surplombé par l’homme valeureux qui se rit du méchant violeur qui fait frémir la faible femme.
Qu’un type se présente à moi la queue à l’air sous son manteau, et j’aurais aussitôt fait de le houspiller et de l’envoyer paitre. Loin de me sentir traumatisé l’histoire me fera peut être rire, et sera même la source d’une anecdote. Car sans la peur dans ma tête, cette mésaventure n’a aucune conséquence pour moi. : au contraire, elle me conforte dans l’idée que je suis au sommet de la chaine alimentaire.
Fut un temps je pensais que c’était pareil pour les femmes, et que c’était dans leur nature d’exagérer quelque chose d’aussi bénin. C’est du moins ce que je pensais jusqu’a ce qu’une amie ce confie a moi et me raconte l’agression dont elle fut victime. La première chose qui me frappa fut la violence avec laquelle elle se culpabilisait. Elle me ressorti alors en bonne et due forme le babillage qu’on lui avait fourré dans la tête depuis des années : elle n’aurait pas dut faire si, ou dire ça, ou aller ici a cette heure là…
Avec prétention, j’estime l’avoir aidé a passer en partie outre, pas en la consolant comme un chevalier blanc, pas en la galvanisant pour la pousser a devenir un prédateur à son tour, mais peut être plus simplement en admettant que c’était la vision qu’on nous inculque des choses qui les rends ainsi et que c’était injuste parce que moi, je n’aurai jamais peur…