Alors pour commencer je vais de suite lever le doute : non ceci n’est pas un article sponsorisés. Déjà parce que vu mon audience ça serait un très mauvais investissement, mais aussi parce que ce dont je vais parler relève d’une vraie expérience personnelle.
Comme vous l’aurez deviné avec le titre (petits malins que vous etes) je vais vous parler de livre digitaux et donc forcément de liseuse et tout le tralala.
Sachez d’abord que je suis un lecteur repenti : pendant très longtemps j’ai lu très régulièrement (notamment dans le rer, comme pas mal de gens) mais avec le temps (et quelques soucis de santé qui me donnaient la capacité de concentration d’une brique de lait tiède) j’ai perdu cette saine habitude pour me rabattre lâchement sur des occupations bien moins noble comme la lecture en diagonal des quotidiens gratuits ou bien l’abrutissement apathique sur ma console de jeux portable. Et je ne parle même pas de Twitter…
Bref j’avais tourné le dos à la lecture, ravi de vivre dans un monde où Game of throne existe en version télé. Mais c’était mal connaître la passion sans retenue pour le high tech et les belles lettres qui m’habite.
J’ai donc fait l’acquisition d’une de ces fameuses liseuses. Pour ceux du fond qui ne voient pas ce que c’est, il s’agit en fait de tablette dont la fonction principale est d’afficher du texte, et qui utilise donc une technologie spécifique appelée E-Ink. Sans rentrer dans le détail (parce que je ne sais pas vraiment comment ça marche) cette technologie permet d’afficher des caractères qui semblent « imprimé » sur l’écran et qui donc ne posent pas les problèmes classiques des écrans (fatigue dut à la brillance notamment).
Ma liseuse est un modèle Kindle obtenue à bas prix chez Amazon a l’occasion d’une promo pour le salon du livre. Elle à le format d’un livre A5 et se tiens très facilement d’une main. Légère, doté d’une énorme autonomie, elle permet retrouver les sensations d’un livre papier tout en ayant un encombrement réduit.
Alors pourquoi c’est bien les liseuses ? Et bien déjà cela apporte un nouveau rapport à la lecture. Lorsque vous êtes sur une liseuse, vous interrompre et reprendre (le temps de prendre votre correspondance par exemple) se fait très facilement : pas de marque page à attraper en catastrophe, pas besoin de plier les coins de page… C’est très plaisant. De plus j’ai constaté (mais est ce que c’est juste moi que ça concerne ?) que j’avais moins « peur » d’attaquer un bouquin ou de me lancer dans un chapitre. Car l’autre force de l’engin, c’est qu’il permet de picorer à droite à gauche et de pouvoir diversifié facilement ses envies. Ainsi, j’ai en mémoire dans ma liseuse des livres en tout genre, et j’en lis plusieurs à la fois en parallèle. Ça semble étrange et pourtant ça marche. Déjà parce que la lassitude ne vient plus aussi facilement car on peut faire des pauses entre deux histoires.
L’autre fonction qui m’a remotivé, c’est l’estimation du temps de lecture restant. Ça n’a l’air de rien, mais cela permet de concrètement mesurer la place que prend la lecture. Et jamais je n’aurais penser qu’un livre se lisais de bout en bout en 3 grosses heures. Sans doute parce que l’école nous a forcé à lire et pas forcément des choses adapté, nous avons pour beaucoup d’entre nous assimilé la lecture comme quelque chose de long et fastidieux.
Voir le temps de lecture restant me fait penser à ce phénomène de la vie que l’on connaît tous lorsque le matin on dévisage le réveil matin et qu’on se dit « aller… Encore 5min ».
Voir le temps nous donne l’impression de contrôler ce qui se passe, et la lecture n’est plus un » risque » (qui ne s’est jamais fait happer par sa lecture au point de perdre la notion du temps ?)
J’en rajoute une dernière couche sur les fonctions de lecture. C’est une fonction simple mais pourtant si évidente et adaptée pour cet usage, je veux bien entendu parler du dictionnaire. Lire et butter sur un mot à de quoi énerver plus d’un lecteur. Pour peu que vous lisiez un roman historique par exemple, vous pouvez être sur que les mots désuet et des jargon savants vous tomberont dessus à chaque coin de page.
La lecture numérique en elle même est déjà une évolution véritablement importante, mais ce qui la rend aussi révolutionnaire, c’est l’écosystème dans lequel elle s’inscrit… Et c’est aussi la qu’elle pêche le plus souvent.
Cet écosysteme c’est notamment chez Amazon un store lourdement garni. Vous pouvez en quelques clics accéder à pas mal de bouquin et les acquérir aussi sec sur votre machine. Ça semble super, mais ça cache un défaut : d’une part vous êtes bloqué à la sélection offerte par Amazon. Vous me direz que c’est pareil avec un libraire, sauf que si vous allez dans un autre établissement ça ne posera pas de souci, alors que là, si vous voulez consulter un ouvrage numérique acheté ailleurs, il faudra bricoler pour que votre livre digital puisse être lu par votre appareil (car nativement celui ci ne fait aucun effort d’ouverture aux autres standard du milieu). Coté prix c’est aussi assez raide, puisque les livres numérique coutent (surtout pour les nouveautés) le prix de la version papier. Je sais bien qu’il faut rentabiliser, mais pourquoi une telle proximité de tarif pour un produit qui ne coute rien à produire une fois qu’il est digitalisé ? (ce qui à mon avis est déjà fait lors du maquettage ?) bref 14euros le livre numérique, c’est raide.
On peut regretter et en même temps comprendre cette stratégie purement commerciale qui vise a encadrer au maximum le client pour qu’il reste dans la boutique. D’un coté c’est pratique parce que franchement Amazon met les petits plats dans les grands pour offrir un maximum de choix et de possibilité d’achat. Il est aussi possible via un forfait de 9euros de pouvoir accéder de façon illimité à une grande selection de bouquin.
Et au final on se rend compte que ce qui est un peu gênant c’est ce qui pose problème aussi avec l’industrie du disque : qui contrôle le point d’entré ? si vous jeune auteur vous voulez publier un roman qui n’est pas du gout d’Amazon, comment faire pour atteindre ce public captif ? si suite à un changement de CGV Amazon retire de votre « cloud » un ouvrage dont l’auteur s’est rendu coupable de crimes sulfureux ? En définitive, celui qui contrôle votre bibliothèque à la fois à l’achat, mais même après, dispose d’un foutu pouvoir sur vous, et c’est assez flippant. Parce que déjà pour la musique c’est conséquent (mine de rien la musique fait passer des messages et pas seulement le rap) mais pour la littérature c’est crucial. Notre société, nos esprits, se façonnent à l’aune de ce que nous lisons. Le fait que des gens puissent écrire et s’exprimer est extrêmement important, et la liberté de circulation de cette parole, de ces idées, de cette expression, est un enjeu critique. Qu’une compagnie privé détienne les clés me terrifie parce que cela signifie que celui qui commande cette entreprise à le pouvoir de jouer sur ce levier.
Alors évidement, ne sombrons pas dans l’excès : je ne pense pas que le patron d’Amazon soit un méchant de James Bond qui caresse son chat blanc dans une salle de contrôle futuriste ou il observe nos fait et geste en devisant d’un plan de domination mondiale. Il n’empeche que notre culture nous appartient de moins en moins, nous en somme les locataires, de façon plus ou moins invisible. Si je veux regarder les anciennes version de Star Wars parce que la nostalgie me fait préférer un Han Solo qui tire le premier, je vais avoir du mal parce que maintenant Lucas à fait en sorte qu’il n’existe plus d’autre version que la nouvelle édition. Si je veux lire un livre sur le fonctionnement des armes à feu, j’aimerai bien qu’il n’y ait pas de potentiel mouchard qui alerterai la DGSE. Ces exemples ont un énorme défaut : ils ne concernent que quelques cas, et la plupart du temps les nouvelles technologies offrent une profusion paradisiaque de contenue en tout genre. Mais il n’empêche que ces rares cas ou cette technologie est une contrainte sont des rappels qu’il ne faudrait surtout pas oublier. Le contrôle de la connaissance est une question épineuse et qui ne saurait se résoudre avec quelques artifices techniques.
En conclusion, et malgré ces quelques points négatifs, je ne saurais trop vous encourager à la lecture numérique… et puis à la limite gardez vous un bouquin ou deux en physique : c’est toujours super classe d’avoir une belle bibliothèque chez soi !