(Attention : cet article contient des tas de propos a haute teneurs subjectives… et un peu d’humour aussi)
Chères vous toutes,
Je suis un peu impressionné en vous écrivant. Pas que vous me fassiez peur, mais j’ai toujours senti que face a vous, il ne valait mieux pas que je fasse le malin.
Laissez moi d’abord me présenter. Flashou, 33 ans, homme caucasien de son état, a la tête d’une fortune équivalent à un mois de salaire, un crédit, un job sympa mais pas toujours top dans une grosse boite, des amis, des passions de geek, un beau visage de prince pirate d’ou ressortent les traits rassurant d’un bouddha jovial… bref un type extrêmement ordinaire et sans doute représentatif de plein d’autres hommes.
Par l’entremise des réseaux sociaux et des médias, je n’ai de cesse de vous voir subir tous les outrages possibles et imaginables : on vous sous estime, on vous infantilise, on dénigre les injustices et les préjugé que vous subissez… je ne vais pas vous apprendre tout ça, vous le savez mieux que moi. Bref je vois ce que vous prenez dans la tronche, et je vois aussi vos réactions.
Vous m’exaspérez quant vous mitraillez dans le tas, vous me faites rire par votre humour face à la bêtise machiste, vous me touchez lorsque vous racontez sans fard vos blessures les plus dures, vous me faite me sentir honteux lorsque vous me mettez face a mes propres travers, et surtout vous me faites me sentir chanceux d’être “du bon coté” de la barrière des sexes.
Ca ne veut pas dire que je dis Amen à toutes vos revendications, mais dans les grandes lignes je suis “de votre coté” (ouuuuh la belle expression qui doit vous gonfler) nan mais sans dec, je trouve tout à fait normal qu’une femme ait le même salaire que moi à job égal, qu’elle puisse jogger a l’heure qui lui chante sans qu’on lui dise que c’est pas prudent, qu’on ne mette pas en avant QUE sa sensibilité (droit a la bourinitude ) qu’elle ait le droit a avoir des mômes OU PAS… pour moi tout ça c’est logique et sa tombe de sens.
Pourtant malgré tout ça, je reste frileux a votre égard. Quant je vois l’ampleur du boulot qui vous attend, de façon très égoïste je me replie dans le cocon de mes privilèges. Alors certes, je ne serai pas le genre de mec qui vous posera les plus gros problèmes, mais je ne serai pas forcément celui qui apportera des solutions. A la limite je me permet de penser que cette situation vous convient, mais je ne peut m’empêcher de ne pas m’y sentir a l’aise malgré tout.
Lorsque vous épinglez les hommes et leurs travers, j’ai la mauvaise tendance a le prendre pour moi. Sans raison bien entendu car je sais bien en prenant du recul que ça ne me concerne pas. Du coup je me dis que ça doit être pareil pour vous lorsqu’on lance de pontifiant “Ah les femmes !” suivi d’un “naaaaan mais toi c’est pas pareil ! t’es normale toi”. Et puis après je me dis qu’en terme d’occurrence vous devez en bouffez 10 fois plus et je culpabilise a nouveau.
Je suis le fruit d’une éducation plutôt progressiste, ni religieuse, ni politique, mais plutôt axé sur des valeurs que j’oserai qualifié d’humaniste (être gentil avec les autres, respecter l’ordre tant qu’il est juste, prospérer sans honte tant qu’on reste honnête etc). Mais j’ai grandit dans les années 80, et la télé m’a mit dans la tête que le héros viril sauve la fille des méchants violeurs (et que du coup elle lui fera des bisous après). J’ai apprit de la même façon que les filles aimaient les trucs roses et les poney, tandis que moi je devais être intéressé par des trucs sérieux. On m’a fait comprendre que c’était les filles qui faisaient a manger et les garçons qui réparaient la voiture.
Même si avec le temps j’ai appris à comprendre le pourquoi de ces stéréotype, ils sont imprimés dans mon éducation et j’y replonge parfois sans même m’en rendre compte.
Et je sais que ça vous vexe.
Sauf que je ne peux pas vivre avec l’impression d’être un méchant alors que j’y suis pas pour grand chose. J’ai pas envie non plus de faire comme si de rien était… alors du coup comme je ne savais pas trop quoi faire, je me suis dis qu’une petite lettre c’était bien pour commencer.
Bien à vous,
Flashou
4 commentaires
en réponse au questionnement : ‘A la limite je me permet de penser que cette situation vous convient, mais je ne peut m’empêcher de ne pas m’y sentir a l’aise malgré tout.’
vous avez raison de vous sentir mal à l’aise, la situation ne nous convient pas du tout…
Nadia > qu’on soit bien d’accord, lorsque je parle de « situation », je veux dire « ma situation d’homme qui n’est n’est pas un problème mais qui n’est pas impliqué dans la lutte ».
Ben écoute vieux (ouais, j’aime bien ce que tu dis, alors je t’appelle « vieux »), merci bien.
Je suis carrément dans la même situation que toi (sauf que j’ai pas de boulot mais bon). Ça fait plaisir de voir quelqu’un qui arrive à exprimer ce que j’ai carrément du mal à dire.
C’est quand même « dur » (j’imagine qu’il y a d’autres situations bien plus dures) de se retrouver toujours entre les 2 camps, les « bourreaux » et les « victimes ». (Comme un roux en fait^^)
C’est beau, on dirait du Giraudoux.
@Nadia : Je trouve ça « étrange » de ne trouver que ça à dire
Rodri > je suis d’autant plus content si ma petite lettre fait écho chez certains (et pourquoi pas certaines) car c’est en ce disant ce genre de chose qu’on fera avancer la situation et pas en cédant à la facilité de dire « c’est les autres qui sont pas bien »