Dans le cadre de mon boulot, je dois concevoir des Elearning (vous savez ces petits logiciels d’apprentissage pour entreprise ?) et pour cela j’utilise un outil qui permet de réaliser des petites saynètes en 2D avec des personnages fournis dans l’application. Il y a plusieurs choix possibles : des grands blonds, des petites brunes, des vieux des jeunes… bref c’est plutôt pas mal niveau représentation.
Face à ça, je me suis demandé « tiens : ça donnerai quoi si je concevais un support où il n’y aurait AUCUN homme blanc ? »
Plus généralement, j’élargissais mon idée à « utilisons seulement des minorités ». Évidement, pas facile de mettre en scène des homosexuels sur la seule base d’un objet graphique (ou alors j’aurais dû scénariser ouvertement l’homosexualité d’un protagoniste et je serais certainement tombé dans le cliché) donc j’ai préférer laissé tomber pour me recentrer sur les minorités dites visibles.
Je choisi mon personnage principal. Vu que c’est censé être un client en difficulté, je choisi plutôt un homme (c’est vrai quoi ? pourquoi ça serait forcément une nana qui aurait des problèmes à utiliser un outil technologique ?) et je l’appelle Didier. Histoire de vous le décrire, Didier est une version adulte de Diego, le cousin de Dora l’exploratrice.
Et le voila justement qui part à l’aventure et qui se rend dans une boutique où il est reçu par Aline, la vendeuse. A l’inverse de tout à l’heure, je ne voyais pas pourquoi la personne qui vendrait de la technologie à mon Didier serait forcément un homme. Du coup zou : Aline.
Aline est blonde et à un sourire ultra bright. Bon c’est salaud de dire ça puisque tous les autres personnages aussi si on clique sur la bonne option, mais je ne sais pas pourquoi, chez elle ça me frappe encore plus. Bref il se passe plein de chose durant le scénario, je ne vais pas vous le faire en détail, mais ce qu’il faut savoir c’est que PAS UN SEUL PERSONNAGE n’était un homme blanc.
Et bien sachez le, j’ai quasiment systématique eu droit à cette remarque lors des phases de test que j’ai mené avec ce logiciel : « Tiens y’a pas de mec blanc ? ».
Le fait qu’aucun homme blanc ne soit mis en scène à été vécu par tous (homme comme femme) comme un phénomène bizarre. Qu’en conclure ? que tous mes collegues seraient de fiéfé masculiniste raciste refusant la différence ? Pas du tout, mais revoyons la scène au ralenti pour mieux comprendre.
Cet étonnement quasi systématique est simple : l’absence du personnage de l’homme blanc est « frappante » parce que dans la vie de tous les jours ce personnage est omniprésent. Je devrais même parler d’homme blanc hétéro cis genre si je voulais être précis, mais je n’aimerai pas passé pour un expert du sujet car je suis loin de l’être.
Certains ont été enthousiasmé par le principe, d’autres ont été simplement surpris (« ah ? bon d’accord… ») et je pense aussi que certains ont désapprouvé mais aucun ne l’a ouvertement exprimé. Il est clair à la vu des réactions de mes contemporains, que mes choix on eu un impact sur la perception du document. Plusieurs m’ont demandé si mes choix étaient un acte militant, comme si le fait de ne pas envisager la présence d’homme blanc dans mon support ne pouvait se concevoir que sous ce prisme.
Il existe sans que ça nous choque des milliers de documents, films, livres etc où il n’y a pas de personnage noir, asiatique, gay, handicapé… nous sommes cramponné à ce « mètre étalon » de la normalité, et toute approche alternative est vu comme déviante. pourtant, statistiquement l’homme blanc n’est pas représentatif de la majorité de l’humanité. Il est comme les autres un pourcentage de l’ensemble.
La conclusion que je tire de cette « expérience » indirecte, c’est que les choix les plus infimes ont un impact. Si nous prenons l’habitude de mettre plus avant « les autres », alors peut être qu’au bout d’un moment ils seront simplement des personnages débarrassés de leur étiquette, et finiront par devenir simplement normaux aux yeux de tous, et qu’au final nos choix de privilégier plus les uns que les autres se baseront sur d’autres critères.
1 commentaire
Ah ! J’adore cette expérience ^^
J’aime beaucoup ta démarche. Je crois que j’aurais tiqué aussi sur le faite qu’aucun personnage blanc ne soit présent. Par contre, j pense pas que j’aurais été jusqu’à te dire que la démarche est militante, mais elle a au moins l’intelligence de provoquer des réactions et de forcer les gens à se poser des questions sur leur propre raisonnement ! C’est une super bonne idée !