Satan levez-vous !
Satan regardait avec émerveillement le grand lustre brillant et clair qui scintillait à mi chemin du plafond style 19eme de la cour.
Pardon : de la cour suprême.
Appelé aussi « Temple of Justice », ce bâtiment et plus précisément cette salle était le pinacle de la loi et de l’ordre aux états unis depuis sa création en 1789. Anciennement logée au Capitol voisin, la cour suprême eu droit à son propre édifice en 1935. Son allure de temple grec devait inspirer la grandeur et les idéaux de la justice.
Enfin ça c’était pour le principe.
Le rôle de la cour suprême était de rendre des jugements sur ce qui ne pouvait se décider ailleurs. C’était une cour sans appel possible et dont le jugement faisait autorité, même à la souveraineté des états, ce qui lui donnait une puissance considérable. Il n’en fallait pas moins pour l’affaire qui nous concernait en ce pluvieux jour d’Avril…
« La cour suprême va s’ouvrir sous la présidence de l’honorable juge Marshall. Levez vous ! »
Sitôt que le greffier eut donné cet ordre, toute l’assistance respecta la consigne et se leva. Perdu dans ses rêveries à force contempler le lustre, Satan eu un petit instant de décalage avec les autres dont il s’excusa d’un geste de la main et d’un « désolé » du bout des lèvres tandis qu’il s’excutait.
Le juge Marshall entra alors, vêtu de la traditionnelle robe noire qui accompagnait sa fonction, et prit place sans cérémonie tandis que les autres juges firent de même autour de lui.
Et oui, en l’occurrence ce n’est pas un seul juge qui officiait, mais un collège de 8 Associate Justice présidé par le Chief Justice. A 9 contre un, la côte n’était clairement pas en faveur de Satan.
Marshall tira sur ses lunettes à verre progressif pour lire ses notes et entamer les débats. Il se pinça les lèvres pour les humidifier et frappa 3 fois de son marteau pour ouvrir la séance.
« La cour suprême agira aujourd’hui exceptionnellement en tant que tribunal étant donnée le caractère extrêmement particulier de l’affaire qui oppose les états unis d’Amérique au dénommé Satan. Ce dernier est accusé des crimes suivant : perversion de la jeunesse, incitation à la violence, au suicide, à la masturbation, au blasphème, ainsi que de 3 899 autres chefs d’inculpations regroupés sous l’appellation « Maux de l’humanité ». A ce titre, les états unis d’Amérique réclament la réclusion à perpétuité dans une prison de sécurité maximale sans possibilité de libération. Cette mesure sera appliqué en lieu et place de la classique peine de mort étant donnée les antécédent médicaux de l’accusé qui pourrait profiter de sa mise à mort pour quitter le sol américain et se réfugier en Enfer d’où il serait légalement impossible de l’extrader. Greffier ? »
Ce dernier se leva de sa chaise et annonça les parties en présence.
« Les états unis d’Amérique seront représenté par le procureur Harvey O’Neil et son équipe. L’accusé sera représenté par… euh… »
Le greffier chercha dans ses feuilles mais ne trouva pas la réponse. Il jeta alors un œil vers le bureau ou était installé Satan, seul.
« Monsieur Satan vous n’avez pas de représentant légal ? » demanda le greffier surpris
– Euh… bah en fait j’avais un avocat commis d’office, mais il semble qu’il ait refusé de compromettre sa foi en prenant ma défense.
– Hum… c’est ennuyeux ça ! La cour suprême ne peut pas repousser une échéance, vous devez comparaître !
– Ah non mais vous inquiétez pas j’ai appelé quelqu’un, il va arriver d’ici… pfff même pas 5min ?
– Monsieur Satan n’essayez pas de gagner du temps : si votre représentant n’est pas là vous serez tenu d’assurer votre propre défense : suis je clair ?
– Oui oui tout à fait ! tout à fait ! » dit Satan en réajustant son élégante cravate rouge vif « Mais à la limite on peut surement démarrer histoire de ne pas perdre de temps ? je suis sûr que ça le fera venir ! »
Le greffier regarda le juge Marshall qui hocha la tête en signe d’approbation.
« Très bien… La parole est à l’accusation. Procureur O’Neil ? »
Le procureur se leva et s’avança à la barre, prêt à mener le combat le plus intense de sa carrière. Des centaines d’autres procureurs s’étaient battu pour avoir cette affaire : qui n’aurait pas voulu être celui qui aura fait condamner Satan pour ses crimes ? Mais voila, au final cet honneur était pour lui, et il comptait bien se donner à 100%.
Pratiquement née dans un tribunal, O’Neil avait fait ses études à Harvard où il n’avait jamais cesser de viser l’excellence. Premier de sa promotion, il avait rapidement intégré le cabinet de son père qu’il quitta au bout de 6 ans, lassé des procès administratifs sans envergure qui n’étaient que des arrangements entre grandes entreprises.
Il s’était investi corps et âme pour devenir procureur, ce qui lui avait valut pendant presque 10 ans de devoir travailler au tribunal de Washington à des taches rébarbatives. Mais sa patience et son acharnement avaient payés. Il allait pouvoir juger le pire criminel qui soit, l’incarnation même du Mal… Satan !
Dans un premier temps, il avait été étonné quand l’affaire s’était présentée : pensez vous ! lorsque des agents de la DEA avaient racontés avoir capturé Satan lors d’une descente dans un deal de cocaïne, tout le monde avait cru à une mauvaise blague. Et pourtant…
Satan se trouvait bien là, mais ce n’était qu’une malencontreuse coïncidence : les trafiquants avaient élu domicile dans un petit hôtel situé le long de l’Interstate 15 qui reliait Los Angeles à Las Vegas et où Satan s’était installé après avoir fait la bringue 6 jours d’affilées à « Sin City ». Tandis que les membres de la DEA prenait position autour du bâtiment, le seigneur des Enfers était sorti s’acheter un frappucino et de quoi grignoter devant la télé. Il n’eut pas l’occasion d’aller plus loin que le hall que déjà des dizaines d’hommes en armes le ceinturèrent pensant que c’était un des indic du gang.
Ce n’est qu’après l’assaut et le massacre sanglant des narcotrafiquants que les hommes de la DEA comprirent que cet élégant dandy à la peau rougeâtre et aux petites cornes sur le front était en réalité le souverain du monde infernal.
Immédiatement incarcéré, Satan avait d’abord été la cible de l’église qui voulait appliquer la justice divine. Sauf que voilà, entre les différentes religions, pas moyen de s’accorder sur qui présiderait un tel tribunal. Entre ceux qui voulaient le Sheitan, ceux qui réclamaient la tête du Serpent, et quelques illuminés qui insistaient pour régler le cas de « Raptor Jésus » il y avait de quoi en perdre son latin. Au final, il fut décidé par commodité de confier cette lourde tâche à la cour suprême, ce qui arrangeait bien le gouvernement américain qui allait pouvoir s’offrir une image impeccable de défenseur de la volonté divine devant le monde entier.
Concentré mais serein, O’Neil débuta sa plaidoirie.
« Votre honneur, le cas de l’accusé Satan ici présent est limpide : toutes les cultures de l’humanité l’on identifié comme le Mal absolu, source de toutes les violences et…
– Objection ! » hurla Satan en bondissant de son siège.
Tous les regards se tournèrent vers lui, mais il resta silencieux et regarda les membres de la cour comme un enfant qui comprend qu’il vient de faire une bêtise. Le Juge Marshall le houspilla :
« Et bien alors ? formulez là votre objection ! » ordonna t-il
– Ah parce qu’il faut que je dise quelque chose de plus de « objection » ? moi je croyais que c’était ce qu’il fallait dire quand le type d’en face disait un truc pas sympa !
– Quoi ? mais… »
Le juge Marshall soupira et fit signe de la main au procureur O’Neil de reprendre tout en indiquant au greffier de retirer cet interlude des minutes du procès.
« … comme je le disais avant cette interruption grotesque, Satan est le Mal universel et nos textes les plus sacrées regorgent de preuves à son encontre. Je me baserai donc sur ces éléments pour démontrer au tribunal la culpabilité évidente de l’accusé. Merci votre honneur »
O’Neil retourna à sa place, et resta parfaitement calme malgré la vive émotion qui le transportait en cet instant. Il se contenta d’un petit rictus retenu de contentement et se plongea dans ses notes afin de ne pas se laisser aller à trop divaguer : son adversaire était le diable en personne, et il devait rester prudent.
Le juge Marshall invita alors Satan à faire sa plaidoirie afin d’étayer un peu sa défense (bien que cela fût plus à ses yeux une formalité à respecter qu’un acte réellement pertinent). Satan s’avança à la barre, prit une grande respiration, et commença à parler à l’audience comme une personne arrivant à sa première réunion des alcooliques anonymes :
« Euh… bonjour… bah voila, je m’appelle Lucifer. Mes amis m’appellent Lulu, ou parfois juste Lu. Mais pour le boulot je me fais appeler Satan. Je suis le seigneur des Enfers depuis… bah grosso modo le début de la création à quelques centaines d’années près. Plus jeune je travaillais pour Dieu en tant qu’Ange, et j’étais plutôt bien noté. Sauf qu’avec le temps ça s’est détériore… »
Une pointe d’émotion se fit entendre dans la voix de Satan. Il se pinça le nez, renifla et reprit :
« whaou… désolé c’est pas facile pour moi, c’est la première fois que je raconte ça… enfin bref à un moment Dieu à crée l’humanité, et moi je trouvais ça génial. J’aimais vraiment beaucoup ce que vous étiez, et je me suis mis à passer du temps avec vous, à faire la fête… Sauf que le Vieux bah… il était du genre coincé. Je l’entend encore me dire « Quoi ? un ange avec des humains ! ça n’est pas dans l’ordre des choses ! je n’ai pas fait le monde ainsi… » enfin bref, vous voyez le tableau… attention, me faites pas dire ce que j’ai pas dit : je l’adore le Tout Puissant… Je pense que j’étais comme tous les gamins du monde : j’étais convaincu que mon père c’était le meilleur et qu’il était parfait. Enfin tout ça pour vous dire qu’on bout d’un moment on s’est engueulé et… bah il à fini par me foutre à la porte de la maison. J’avais plus rien…
– Objection ! » dit O’Neil « l’accusé blasphème et insulte le Seigneur !
– Ah c’est comme ça qu’il faut faire ! » répondit Satan « Ah bah comme ça je saurai pour la suite !
– Accusé taisez vous ! » dit le juge Marshall de sa voix de dragon grognard « Objection accordé : reprenez en prenant soin de ce que vous dites à propos de Dieu. »
Satan grommela et reprit :
« … après cette histoire j’avais grave touché le fond. Et quand je dis le fond je parle vraiment des abysses hein ! le genre de zone où vous n’iriez jamais fiche les pieds même si le sol était fait en billet de 20 dollars. C’est là qu’avec ma bande on à fini par s’installé. On était tous des laissés pour contre, sans amour et sans espoir. Si on à fait ce qu’on fait depuis tout ce temps, c’est simplement parce que on avait pas d’autre choix… et si je… »
Un claquement de porte interrompit Satan : c’était celles du tribunal qui venaient de s’ouvrir toutes grandes, laissant voir la fine et élégante silhouette d’un homme en costume gris. Ce dernier avait le look d’un quadra qui travaillait dans la pub durant les années 50, le cigare à la bouche en moins, et c’est avec un air déterminé et sûr de lui qu’il pointa du doigt la barre et qu’il s’écria « PAS UN MOT DE PLUS ! »
« MILTON ! » hurla Satan en jubilant. Le prince des ténèbres se précipita vers l’homme en costume, tomba à genou devant lui et enlaça ses jambes.
« Oh Milton vous êtes enfin là Dieu soit loué ! » murmura un Satan larmoyant
– Satan t’es pas bien ou quoi ? qu’est ce qui te prend de dire ça !
– Milton je vous en supplie il faut me sortir de là !
– Oui bah si tu veux un miracle tu t’es trompé d’interlocuteur ! Donc tu va reprendre ton calme et arrêter ton cinéma : compris ? »
Satan se releva tout en s’essuyant les yeux et en acquiesçant vivement de la tête.
« Je ferai tout ce que vous voulez Milton…
– Bien… Votre honneur ? veuillez m’excusez pour cette entrée spectaculaire, mais j’ai eu un mal de chien à me garer…
– Mais qui êtes vous bon sang ! » Hurla O’Neil sur le point d’appeler la sécurité
– Je suis maître Milton, avocat du Diable »
O’Neil lui lança un regard ombrageux : s’il était l’avocat de la défense, il devenait de fait son pire ennemi. Le juge Marshall de son côté réajusta ses lunettes et fit signe à Milton d’approcher :
« Maitre Milton… a quel barreau appartenez vous ?
– A celui de Dis votre honneur
– Dix ?
– Non DIS, la capitale des enfers. Mais j’exerce aussi régulièrement dans le New Jersey.
– Je proteste votre honneur ! » dit O’Neil « cet homme n’est pas légalement apte à représenter quelqu’un !
– C’est vous qui le dites » répliqua Milton du tac au tac « sachez que selon l’ordonnance du 18 Septembre 1958, un individu non résident des états unis est en droit d’être représenté par toute personne apte selon les critères de son pays d’origine. En l’occurrence, si je suis légalement avocat en enfer et que vous jugez Satan, et bien ça fait de moi un avocat parfaitement en règle ! »
Époustouflé par la verve de Milton, Satan se mit à l’applaudir, ce qui fût d’autant plus gênant qu’il régnait un silence glacial dans le tribunal. Satan s’arrêta lorsque le juge Marshall le fusilla du regard. Ce dernier, une fois le silence revenu, se tourna vers Milton et admit que sa démonstration était valable :
« Et bien maître Milton, votre présence n’est finalement pas si incongrue que ça… au moins l’accusé aura droit à un avocat comme cela se doit dans tout procès mené dans les règles. Bien : j’interromps la séance pour 15min afin que maître Milton puisse s’entretenir avec son client : la séance est levé ! »
***
installé à l’improviste dans un des bureaux annexe du tribunal, Milton portait un lourd regard à Satan qui de son côté évitait tout contact visuel avec l’avocat.
« Satan : je peux savoir c’est quoi ce bordel ? comment tu t’es fait chopper ?
– Je vous assure Milton j’y suis pour rien !
– Alors pourquoi on parle de narcotrafiquant et d’un massacre ?
– C’est un complot Milton ! je pense que le Pape est dans le coup et…
– Non Satan, le Pape n’a rien à voir dans tout ça !
– Je… je vous promet que j’étais juste au mauvais endroit au mauvais moment ! Je voulais acheter un petit frappucino et des scones aux chocolats pour regarder « Le diable s’habille en Prada »
– Pffff… admettons. Et je peux savoir pourquoi t’étais dans la banlieue de Vegas ?
– Et ben euh… y’a de superbe site géologique quand on longe l’interstate, les calico mountains notamment avec des strilles…
– Te fous pas de ma gueule : t’es encore aller jouer c’est ça ?
– Je… j’ai un problème avec le jeu. Mais j’ai presque rien perdu hein !
– Oh bordel Satan on s’en fou : le souci c’est que là tu es à deux doigts de passer le reste de l’éternité dans une prison de haute sécurité !
– Peut être que ça se passera bien ? hein ? après tout les criminels c’est des mecs dans mon genre ?
– Satan, tu te rappelle ton premier surnom ?
– L’étoile du matin ?
– Et pourquoi on t’appelle comme ça ?
– Parce que je suis plutôt beau gosse ?
– Et qu’est ce qui arrive aux beaux gosses en prison ? »
Satan écarquilla soudainement les yeux
« Noooon ???
– Crois moi tu n’as pas envie de tenter ta chance. En plus y’a plein de groupes extrémistes: les ultra chrétiens, les musulmans, les irlandais…
– Qu’est ce que j’ai à voir avec les irlandais ?
– Y’en à bien un qui va te reprocher d’avoir bousiller la culture celtique avec le heavy Metal
– Rien à foutre : j’assume totalement ! Alestorm est le meilleur groupe du monde ! »
Milton se passa la main sur le front en soupirant
« Satan, Satan… tu vas pas tenir deux secondes à la barre si tu poursuis sur cette voie. Alors qu’on soit bien d’accord : je vais te sortir de là, mais pour ça tu dois suivre mon plan. C’est clair ?
– Oui Milton.
– Tu feras comme je te dis ?
– Bien sûr Milton, je vous fait totalement confiance !
– Et qu’est ce que tu ne feras pas ?
– Ouvrir ma grande gueule pour dire des conneries !
– Et qu’est ce qu’on évitera ainsi ?
– Que je devienne la pute de luxe d’une bande de taulard sans foi ni loi !
– Bien ! c’est parfait mon grand. T’en fais pas : Tonton Milton à plus d’un tour dans son attaché case pour te sortir de ce guêpier… »
***
L’audience reprit à l’heure prévu. Dans un premier temps, Satan allait devoir subir un interrogatoire de la part de O’Neil, puis ça serait Milton qui procéderait à l’étape suivante, a savoir le contre-interrogatoire.
Tandis que Satan gigotait nerveusement sur la chaise du témoin, O’Neil arriva lentement pour laisser la pression augmenter sur son adversaire. Le greffier était sur le point d’amener la bible qui allait servir à faire jurer l’accusé, mais Milton demanda l’annulation de cette procédure qui risquait d’une part de créer un vice de forme, mais surtout de faire s’enflammer le saint opus au moindre contact avec la main de Satan.
Sans un regard pour l’accusé, O’Neil entra dans le vif du sujet :
« Satan : vous portez le titre de « prince des ténèbres » n’est ce pas ?
– Ouais… plutôt classe hein ?
– Répondez simplement par oui ou par non…
– Euh… oui monsieur.
– Bien… et avez vous aussi le titre de « seigneurs des enfers » ?
– Oui
– Et votre pseudonyme « Satan » signifie bien « adversaire » ?
– Euh oui, en principe.
– Pourquoi tout ces noms ? pourquoi chacun d’eux évoque t’il le Mal ? pourquoi dans chaque cultures on trouve votre nom associé à la souffrance des hommes ?
– Euh… j’en sais rien moi…
– Peut être est ce parce que de toute évidence vous aimez nous voir souffrir ?
– Objection ! » hurla Milton « spéculation : le procureur prête à mon client des intentions sans fondement !
– Accordé » dit le juge Marshall « monsieur le procureur, tenez vous en aux faits
– Bien votre honneur… »
O’Neil n’était pas mécontent : l’objection de Milton signifiait qu’il allait dans la bonne direction.
« Satan, depuis l’aube de l’humanité vous avez créer des choses nocives pour les hommes : l’alcool, le fast food, le nazisme, la pollution, les films de Nicholas Cage…
– Mon client à un alibi pour ce dernier point votre honneur : les films Ghost Rider »
Les juges se regardèrent et acquièrent unanimement
« … toujours est il que les preuves ne manquent pas : qu’avez vous à dire à ce propos ?
– Euh bah… je… »
Du regard, Satan adressa un appel au secours à Milton. Ce dernier lui un signe d’apaisement de la main et l’invita a répondre comme ils l’avaient convenu.
« Euh… c’est pas ma faute, c’est l’humanité qui se sert mal de mon oeuvre »
Des « oh ! » et des « ah ! » se firent entendre dans la salle, obligeant le juge Marshall à taper de son marteau pour obtenir le silence.
« Comment pouvez vous osez dire cela ! » s’empourpra O’Neil en pointa Satan du doigt « Le tabac tue des millions de gens, et c’est pas de votre fait ça aussi ?
– C’est parce que vous fumez trop » répondit Satan « moi j’ai jamais dit à personne d’en avaler 2 paquets par jours. Idem pour le fast food.
– Et la nazisme alors ?
– Bah là ça me parait clair : ces mecs vénéraient Hitler, pas moi »
Milton esquissa un petit sourire : son protégé avait bien apprit sa leçon.
« Et qu’avez vous à dire à propos de la maladie ? » annonça O’Neil sûr de son coup « le cancer c’est de la faute des hommes peut être ? »
Satan était perdu, et Milton savait qu’il n’aurait pas d’argument. Il allait falloir essuyer la tempête…
« Des milliers de familles plongé dans le malheur, des enfants qui grandissent sans père ou sans mère, des parents qui perdent leurs enfants… vous appelez ça comment ? »
Satan resta silencieux, la tête baissé.
« Et les tsunami ? les tremblements de terre ? rien que ces 10 dernières années combien de mort cela à causé ?
– Je… je sais pas…
– Oh ? vous ne savez pas ? mais alors si vous ne savez pas tout va bien ? » ironisa O’Neil « il suffit de fermer les yeux et il n’y a plus de problème ? c’est ça que vous faites Satan ? vous prétendez que tout va bien et que vous n’etes pas responsable ?
– Mais non je…
– Vous quoi ? vous vous voilez la face et prétendez que c’est de la faute des humains ? hein ? alors ? REPONDEZ !
– Objection ! » dit Milton « Monsieur le juge : le procureur harcèle mon client !
– Accordé : O’Neil je vous ai déjà demandé d’en rester aux faits
– Pardonnez moi votre honneur, mais nul ne saurait rester de marbre devant tant de méfaits… à part peut être un être sans cœur ! »
Milton n’objecta pas cette ultime pique, car il sentait que O’Neil allait finir sur cette touche. Effectivement le procureur termina ainsi son interrogatoire et laissa la parole à la défense.
Milton reboutonna les deux premiers bouton de sa veste et commença le contre-interrogatoire :
« Satan, pourquoi ne vous faites vous plus appelé Lucifer ?
– Bah… c’était le nom que m’avait donné mon père et… vu comment ça c’est fini entre nous je voulais oublier tout ça.
– Votre père vous à donc rejeté au point que vous n’avez même plus voulu porter le nom qu’il vous avait donné ?
– Ouais… je vivais ça assez mal. Déjà que j’avais pas mère… perdre la confiance de mon père ça m’a vraiment foutu au 36 eme dessous…
– Objection ! » dit O’Neil « l’accusé à déjà évoqué tout ça dans sa plaidoirie : nous perdons du temps !
– Rassurez vous monsieur le procureur » coupa Milton « j’en viens aux faits. Satan, on peut donc dire que ce que vous êtes devenu est le résultat de ce rejet ?
– Oui assurément. Difficile de dire comment les choses auraient tourné, mais avec un peu plus d’écoute de la part du Vieux… j’aurais certainement pas fini dans les Abysses…
– Vous entendez ça messieurs les juges ? » demanda Milton « cet individu que vous voyez là est le fruit d’une procréation sans mère… sans amour… et lorsqu’il n’a plus convenu à l’image que cette figure paternelle attendait de lui, elle l’a rejeté de la plus cruelle des façons…
– Objection ! ceci n’est pas le procès de Dieu !
– Je retire ma dernière remarque » dit Milton à l’intention du greffier « Satan : avez vous gardez contact avec le Seigneur ?
– Pas tellement… en fait c’est simple on ne se parle que par miracle interposé : je créer une catastrophe, lui il sauve les gens… c’est notre façon de se faire signe.
– Donc toutes ses mauvaises actions que vous reproche le procureur, c’est votre façon à vous de réclamer de l’attention à ce père absent ?
– Je sais que c’est pas très malin mais… y’a que comme ça qu’il s’intéresse à moi… »
Milton laissa un moment de flottement pour que cette idée marque le jury. Il s’adressa alors à lui pour enfoncer le clou :
« Ainsi donc voici la vraie nature de ces crimes : les actes certes stupides, mais désespérer d’un enfant perdu dans les tréfonds qui ne demande qu’un peu d’attention de son père… A t’il commis des choses réprouvable ? certainement. Doit on lui en tenir rigueur ? étant donnée les circonstances cela serait immoral. Mon client à été rejeté par son père parce qu’il était différent, parce que ce dernier ne comprenait pas ses mœurs et qu’il ne respectait pas ses choix de vie. Un père doit il s’imposer de la sorte ? ou ne doit il pas plutôt permettre à sa progéniture d’aller selon ce que son cœur lui dicte ? Merci à vous : je n’ai plus de question. »
Milton retourna à son bureau suivi de Satan que le juge Marshall invita à quitter le siège de témoin.
O’Neil pestait. Il n’avait pas envisager que Milton serait suffisamment habile au point de retourner ses arguments contre lui même. Mais il restait confiant, car il avait gardé un atout dans sa manche qui ne manquerait pas de faire pencher la balance en sa faveur…
Le greffier, en suivant sa liste, appela le prochain intervenant :
« Le premier témoin va comparaître à la barre. A la demande du procureur O’Neil, j’appelle à la barre Jésus de Nazareth ! »
Un homme se leva depuis le dernier rang de la salle. C’était ce qu’on aurait typiquement appeler un Hipster, avec une barbe bien taillé et la carrure d’un type qui mangeait sans gluten. Vêtu d’une chemise cargo, d’un pantacourt et de chaussures fines en chanvre tressé, il remonta l’allée centrale bras ouvert, tandis qu’une lumière scintillante venu d’on ne sait où l’éclairai où qu’il se trouve. Lorsqu’il prit place sur le siège du témoin 3 colombes s’envolèrent derrière lui.
« ah lala ! « murmura Satan à Milton « il a toujours une sacrée classe quand même ! »
O’Neil fit signe au greffier qu’il était inutile de faire jurer le témoin sur la bible étant donnée sa contribution à l’ouvrage.
Le juge Marshall demanda à Jésus de décliner ses nom, age et qualité.
« Bonjour mes bien chers frères et sœurs. Je suis Jésus de Nazareth, prophète de l’islam sous le nom de Aissa, Messie du Judaisme et fils de Dieu pour les chrétiens. J’ai aussi fait plusieurs apparition dans des films à petit budget dans les années 60 époque ou je dirigeais une communauté hippie qui prônait le libre amour.
– Merci à vous Jésus d’avoir prit le temps de venir » dit O’Neil « Si je vous ai sollicité, c’est afin que vous puissiez raconter à tous les démêlés que vous avez eu avec l’accusé Satan… »
Jésus regarda dans la direction du seigneur des enfers et lui adressa un petit coucou de la main auquel ce dernier aurait répondu de la même façon si Milton ne lui avait pas mis une tape sur la paume.
« Jésus, vous avez subit une traversé du désert… littéralement !
– Oui en effet, je commençais dans la carrière de messie… et croyez moi à l’époque sans réseau sociaux c’était le croix et la bannière pour y arriver… hihihi… la croix ? vous avez compris ?
– Euh… oui oui c’était très amusant » répondit poliment O’Neil « Pouvez vous nous donner plus de détail je vous prie ?
– Bien sûr ! C’est une histoire toute bête : pendant 40 jours et 40 nuits, Satan m’a tenté de toutes les façons possible ! nourritures, boissons fraîches, filles sexy…
– Filles sexy ? dites m’en plus… » insista O’Neil de manière obséquieuse
– Vous savez même si je suis quelqu’un de très à cheval sur le mariage et ce genre de chose, j’ai toujours eu une réputation de séducteur, alors des jolies filles qui venaient me tenter croyez moi j’en ai vu passé ! mais là c’était carrément des succubes !
– Je rappelle à la cour que les succubes sont de viles tentatrices dont le but est la perdition des hommes qui cèdent à leurs avances et qui pour parvenir à ce but son dotées d’un physique extraordinaire… reprenez Jésus je vous prie.
– Très bien : donc durant tout ce temps moi j’ai refusé ses propositions. Malgré la chaleur et l’ennui, j’ai résisté 40 jours avant de revenir chez moi. Je me rappelle que Maman m’avait fait des falafels, c’est mon plat préféré, et que je m’en suis rempli la panse ! j’en ai mangé au moins quatre ! hihihihi ! Quatre vous avez compris ?
– Oui, bien sûr Jésus, c’était drôle… donc suite à ce harcèlement avez vous revu Satan ?
– Plein de fois. On se croise souvent dans les grands événements. Et puis on s’écrit pas mal.
– Ah bon ? vous entretenez une correspondance ?
– Pas directement bien sûr, mais on est un peu comme des rappeurs : on se clash via musique interposé. Moi j’essaye de lui parler d’amour via le rock chrétien, et lui il essaye de me pousser vers la zoophilie nécrophage via le death métal !
– Mais c’est horrible ! Messieurs les juges admettez le : c’est horrible ! En tout cas merci Jésus pour votre témoignage, et puis aussi pour être mort pour nos péchés, c’était très sympa.
– Allons voyons c’était tout naturel
– Mais non…
– Messie ! ah ah ah ! vous avez compris ? mais non ? messie ? ahahaha ! »
O’Neil soupira et laissa Milton menez le contre-interrogatoire de Jésus.
« Jésus vous avez déclaré à l’instant que Satan vous avait tenté dans le désert… je ne suis pas sûr de bien comprendre ce que vous voulez dire par là
– Et bien c’est simple cher Milton, j’étais plein travail spirituel sur moi même après que le Saint Esprit m’ait demandé d’aller dans le désert. Sauf que forcément, 50 degrées sans ombre ça attaque fort ! je me suis retrouvé désydrathé en moins de deux et je mourrais de faim. Satan est alors arrivé et il m’a proposé à boire.
– Et vous avez réfusé ?
– Et bien… c’était délicat : étant donnée les histoires entre lui et Papa, je ne voulais pas qu’on m’associe à lui.
– Donc vous êtes en train de me dire que pour ne pas risquer de vexer votre père qui était en litige avec Satan, vous avez supporter 40 jours et 40 nuits de jeun ?
– Oui… je sais ça peut paraitre impressionant mais j’étais un marathonien accompli déjà à l’époque, alors c’était trois fois rien pour moi !
– Certes, mais ce que je retiens surtout c’est que vous avez refuser cette aide alors que Satan vous l’a proposé durant 40 jours ?
– Oui, il est resté tout le temps.
– Et lui comment il allait ?
– Pardon ?
– Si il était dans le désert avec vous, ça devait être dur pour lui aussi non ?
– Non, ça n’avait pas l’air… d’un autre côté vous parlez d’un type qui vit dans le centre de la terre entouré de lave et de magma en fusion non ?
– Votre honneur j’attire votre attention sur la déclaration du témoin. Il confirme que Satan est resté en permanence auprès de lui pour lui offrir à boire alors qu’il était dans un état de déshydratation avancé et peut être même complètement délirant a cause de la chaleur… Monsieur le procureur : pourriez vous me dire comment est qualifié le crime qui consiste à ne pas aider quelqu’un dans une situation de danger ? »
O’Neil resta silencieux : il voyait très bien où Milton voulait en venir.
« Vous ne savez pas ? un grand juriste comme vous ? et bien c’est simple : c’est de la non assistance à personne en danger ! et pendant 40 jours mon client qu’on présente comme le pire individu qui soit, est resté auprès de Jésus à essayer de le secourir. C’est ce dernier qui à refusé par orgueil l’aide que Satan lui offrait, et une fois de plus, ce sont les rapports conflictuels que l’accusé entretenait avec son créateur qui ont conduit à cette situation.
– Votre honneur je proteste ! » dit O’Neil « Maitre Milton est en train d’arranger la vérité à sa sauce !
– Ah oui ? pourtant cette histoire s’est déroulé très exactement ainsi et j’en veux pour preuve qu’elle est rédiger de cette façon dans cet ouvrage qui vous sert à faire préter serment ! »
Milton avait frappé fort, mais il ne devait pas relacher la pression.
« Jésus, vous avez aussi dit que c’est le Saint Esprit qui vous avait conduit dans le désert ?
– C’est exact : il m’a parlé et dit d’aller dans le désert chercher la réponse à mes interrogations.
– Intéressant… voyez messieurs du tribunal, j’ai ici un document qui à été expertisé par des cardinaux du Vatican, qui me confirment sans aucun doute possible que le Saint Esprit EST Jésus ! »
Nouveaux murmures de surprise dans la salle…
« Parfaitement : et cela veut donc dire que c’est de votre propre chef que vous êtes aller dans le désert, et que c’est aussi de votre propre initiative que vous avez décidé de refuser l’aide de Satan et de supporter ces 40 jours d’Enfer. Il est donc parfaitement inacceptable que mon client soit condamné pour un crime qui n’existe pas, voir même qu’il soit accusé alors qu’il était tout bonnement en train d’aider monsieur de Nazareth ici présent ! »
Le public qui assistait à l’audience s’enflamma. Certains se levèrent et commencèrent à insulter Milton, tandis que d’autres applaudirent ce magnifique exemple de plaidoirie. Afin de calmer les esprits, le juge Marshall ordonna 30min d’interruption d’audience.
***
Une fois le calme rétablit, le juge Marshall exigea que le reste du procès ait lieu à huit clos, afin que ce genre de débordement ne se renouvellent pas.
Il ne restait plus que O’Neil, Satan, Milton et les juges.
Marshall s’était entretenu avec ses collègues durant l’interruption, et bien que n’ayant pas fait officiellement de verdict, ils commençaient à avoir une petite idée de ce qu’il conviendrait de trancher.
« Maitre Milton » dit le juge « Vos démonstrations, bien que très habiles, n’ont fait que démontré que votre client à des circonstances atténuantes pour ses crimes, mais pas qu’il en soit innocent…
– Alors là votre honneur nous avons pourtant ici un cas qui me semble parfaitement clair du point de vue de la Loi et…
– Suffit ! cette cour à parfaitement saisie votre petit manège, mais le procureur O’Neil m’a fait par d’un nouveau témoignage qui remet en cause vos dires… monsieur le procureur ?
– Merci votre honneur. J’aimerai appeler mon second témoin à la barre : le père Noel ! »
Cette fois Milton était vraiment surpris. Par convention, le père Noel ne prenait pas parti dans l’affrontement entre le Bien et le Mal…
Le jovial barbu entra encadré par deux gardes armées qui le conduisirent jusqu’à la barre.
« Votre honneur, j’attire votre attention sur le fait que nous avons du mettre en place une sécurité importante pour protéger le témoin car nous savons de source sûre que Satan avait pour projet de l’éliminer.
– C’est faux ! » Hurla Satan « C’est Maitre Gims qui à voulut saboter Noel ! c’est encore une calomn… »
Milton ceintura Satan et l’empêcha de parler en mettant sa main sur sa bouche.
« Excusez mon client » dit-il au juge « il s’est un peu emporté mais je vous promets que ça ne se reproduira plus. Pas vrai Satan ? »
L’intéressé hocha doucement la tête en signe d’approbation, et c’est seulement à ce moment que Milton retira sa main. O’Neil de son côté savait qu’il allait porter le coup fatal à la défense de Satan et s’empressa de faire parler le vieil homme au costume rouge.
« Cher père Noel : cette année pour Noel j’aimerai que Satan soit condamné comme il se doit pour ses crimes…
– Oh oh : ça n’est pas très bien mon p’tit O’Neil, tu devrais souhaiter des choses positives et…
– Ouais mais non là on s’en fiche ! père Noel, vous êtes depuis des années une référence en matière de surveillance et de fichage de la population : votre célèbre liste des enfants gentil et méchant est utilisé par les parents de tous pays pour savoir si leurs enfants méritent ou pas des cadeaux.
– C’est un peu plus compliqué mais… oui oui c’est ça.
– Bien… Est ce que tout le monde figure sur cette liste ?
– Oui bien sûr : mon équipe travail d’arrache pied pour que la liste soit à jour
– Et est ce qu’elle concerne aussi la population angélique du Paradis ?
– Oui… et croyez le ou non mais ça n’est pas si évident que ça ! parce que même au Paradis il y’a des méchants enfants qui…
– Merci mais ça n’est pas le sujet père Noel… revenons en à la liste : est ce qu’elle concerne la population des enfers ?
– Oui, même les Enfers ont droit à leur petit Noel.
– C’est charmant dites donc… et est ce que Satan est sur la liste ? »
Le père Noel se mit à transpirer, a la fois à cause de son gros manteau et du chauffage, mais aussi parce qu’il redoutait les conséquences de son témoignage.
« Euh… oui… Satan est sur une de mes listes…
– Fort bien… » dit O’Neil en articulant de plus en plus lentement comme un serpent s’enroulant autour de sa proie « et peut on savoir où est Satan ? sur la liste des méchants enfants ou bien sur celle des gentils enfants ? »
Le père Noel se tourna vers Satan et dit :
« Pardonne moi Lulu… le FBI à trouvé des preuves contres moi… je suis obligé de leur dire !
– Je t’en veux pas Noel : Tu dois faire ce qu’il y’a de mieux pour toi et les Lutins » dit Satan dans un surprenant accès de bravoure.
Le père Noel tira de sa poche un calepin de cuir beige dont il fit rapidement tourner les pages. s’arretant soudainement, il pointa une ligne du doigt et la fit voir aux juges. Il y’avait le vrai nom de Satan sous la colonne « enfants méchants »…
« La preuve est faite votre honneur ! » jubila O’Neil « c’est le père Noel lui même qui nous confirme ce que nous pensions : Satan est méchant ! »
L’affaire semblait entendu, mais Milton ne voulait pas abandonner : s’il devait perdre, il abattrait toutes ses cartes. Il tira son téléphone de sa poche et composa le 666.
Après tonalité, quelqu’un décrocha et s’annonça dans une langue étrange :
« 666 Hotline du Vice, Chypiakyalinaraba à l’appareil j’écoutes ?
– Chypi ? c’est Milton : il faut que tu me rendes un grand service Princesse… comment ça qu’est ce que je portes ? je ne vois pas le rapport…. bon j’ai besoin que tu demandes à Kap qu’il fasse un appel 111 pour moi parce que Satan à un procès et que… Je ne t’ai pas demandé ce que tu portais non plus Chypi ! bon tu as bien compris le message ? ok…. Non je ne crois pas que je pourrais te présenter Satan pour l’instant vu qu’il risque de finir en QHS si tu ne bouges pas ton joli petit derrière ! »
Milton raccrocha l’appel pour ne plus entendre les élucubrations de la succube.
Pendant ce temps, le jury s’était concerté et semblait prêt à aller délibérer. Milton les arrêta in extremis.
« Pardon Messieurs ! mais suite à cet appel je voudrais présenter à mon tour un témoin exceptionnel
– Maitre Milton, votre tenacité vous honnore, mais je crois qu’après le témoignage du père Noel, la moralité de votre client est définitivement une cause perdue.
– Acceptez au moins d’entendre mon témoin ?
– Et de qui s’agit il ? »
Ménageant son effet, Milton laissa s’écouler une petite seconde avant de dire à haute et forte voix :
« J’appelle maintenant à la barre… DIEU ! »
Aussitôt une lumière vive, presque aveuglante, illumina le siège du témoin.
« Dieu, merci d’avoir prit le temps de venir : je sais que vous êtes très occupé avec l’univers à vous occupé et c’est d’autant plus appréciable de vous avoir parmis nous.
– Mais je t’en prie Milton… c’était bien normal » dit une voix éthérée venant de toutes part
– Dieu vous êtes en quelque sorte le père de Satan. Est ce exact ?
– Oui, car je suis le père de toute chose
– Donc en tant que son créateur vous avez une sorte de responsabilité a ses actions ainsi qu’a ces choix ?
– Oui tout à fait… et c’est pour ça que j’ai souhaité témoigné. Mon p’tit Lulu j’ai honte de t’avoir laisser ainsi porter un tel fardeau, mais il est temps que j’avoue tout… »
Plus personne ne respirait dans le tribunal
« Satan est mon ange le plus fidèle et le plus dévoué ! c’est ma plus grande fierté !
– Objection ! » dit O’Neil « C’est… c’est…
– Allons procureur : vous n’allez quand même pas objecté une déclaration de Dieu quand même ? » ajouta Milton sur le point d’éclater de rire » Pardon Dieu, pouvez vous reprendre ?
– Oui… Pour guider l’humanité j’avais besoin de quelqu’un pour faire le sale boulot. Pour vous juger et vous punir… nan mais franchement vous vous êtes jamais demandé pourquoi Satan châtiait les criminels en enfer ?
– Donc vous dites que vous avez confié à Satan la tache indispensable mais ingrate de faire payer aux humains LEURS crimes ?
– Oui
– Et vous sous entendez que vous avez donné à Satan le pouvoir de tentation afin de s’assurer de la sincérité de leurs démarches ?
– Ça c’est vous qui venez de l’extrapoler mais c’est vrai malgré tout
– Donc on peut dire que Satan n’est pas votre adversaire mais votre homme de main ?
– Oui !
– Alors ainsi soit-il votre honneur ? »
La lumière divine disparut aussi soudainement qu’elle était venue. Satan était figé, le visage plein de larme.
« Vous avez entendu Milton… il à dit qu’il était fier de moi ! mais pourquoi il me l’a jamais dit ?
– C’est un type spéciale ton père tu sais… mais je suppose qu’il avait ses raisons. En tout cas ça prouve qu’il à toujours gardé un oeil sur toi. »
Abasourdi, le juge Marshall frappa solennellement de son marteau.
« Suite à l’intervention divine dont nous avons été témoin, nous autres de cour suprême des état unis d’Amérique nous rangeons à l’avis de Dieu et déclarons Satan non coupable pour les crimes de l’humanité. Cette dernière est invité à porter elle même le poids de ses crimes. La séance est levée ! »
***
Quelques jours plus tard, dans la cité de Dis, bureau de la Hotline.
« Chypi… c’est quoi ce bordel ! » dit Prof en hurlant « y’a des fleurs partout ! ça me rend dingue toutes ces jolies couleurs ! je vais devenir violent !
– Pfff… brute va ! c’est un cadeau de MONSIEUR Satan en personne !
– Satan t’envoi des fleurs ? il doit vraiment plus savoir quoi foutre de son pognon le Patron !
– figure toi que je lui ai éviter de se faire abuser par des taulards en rût !
– Et comment t’as fait ça ? t’as pris sa place ? ahahaha !
– Espèce de…
– Oh ! c’est quoi ce cirque ! » dit Kap qui venait d’apparaître dans le bureau dans un déluge de flamme « Arretez de croire que parce que le procès de Satan est fini qu’on va se la couler douce : les affaires continuent les p’tits gars, alors casque sur les oreilles et répondez à vos appels ! »
Kap avait raison : même si l’humanité avait fait le procès de Satan, tant qu’elle resterait incapable de d’admettre qu’elle était coupable des crimes dont elle l’avait accusé, il y aura toujours un monde d’écart entre le ciel et l’enfer…