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Le groupe
C’est la première fois que je viens aux séances du groupe. Je suis un peu stressé, et je suis persuadé que ça se voit. Le regard de cette femme en face de moi ne laisser planer aucun doute. Elle me perce du regard avec autant de force que si j’étais frappé par la charge d’acier de Mother Pain. Je me sentirai presque vaciller si je n’étais pas déjà assit, bien droit sur ma chaise.
Je sens une source de chaleur importante sur ma gauche : pas loin de 80 degrés Celsius qui m’arrivent dessus à basse vitesse. J’ai largement le temps d’esquiver et de contre attaquer. Mais je dois penser aux autres, je dois comprendre la menace et les protéger.
Il est hors de question que des innocents meurent pendant que je…
« Café ? »
C’est madame Parson, la conseillère du groupe de soutien. Elle me tend un gobelet en plastique blanc d’où émane des volutes troubles de chaleur.
Je crois que je suis vraiment trop à cran…
Cela fait des mois que je ne dors plus, que je suis irritable et que ça se voyait sur le terrain. Non seulement je risquais ma vie, mais aussi celle de mes partenaires. Ça ne pouvait plus durer comme ça, alors je suis allé consulter.
Oui moi, Captain Stellar, leader du groupe des justicier Omega et tuteur des héros de la génération Sigma, je suis allé consulter une psy.
J’aurai bien pu m’adresser aux gens de l’équipe, qui connaissent ma véritable identité, mais je ne pouvais pas prendre le risque de perdre mon leadership en paraissant faible. Les jeunes aussi comptent sur moi, aussi j’ai pris la décision d’aller voir quelqu’un discrètement en civil.
Et c’est comme ça que j’ai rencontré le docteur Parson. C’est une femme très gentille, bienveillante, qui ne juge jamais ni porte d’avis sans réfléchir. Je me rappelle de notre toute première séance où je suis arrivé terriblement tendu après avoir livré une bataille effroyable contre Apocalypto. Elle a tout de suite sût me mettre à l’aise, et sans que je sache comment, je suis sorti de son cabinet aussi détendu que si j’avais été sous l’effet d’une illusion de cette peste de Melody la psychomanipulatrice.
Mais j’avais beau enchaîner les séances, ça ne durait jamais longtemps. Les insomnies revenaient, de même que les crises d’angoisse…
Le docteur Parson avait bien vu que je me retenais et que je ne me livrais pas complètement. Mais comment lui dire ? Comment lui expliquer que ma tâche de protecteur du monde face à la menace constante de la Caste des Maléfices était sans doute la source de mes tracas ? Lui avouer mon identité aurait été lui faire prendre des risques terribles, et il était hors de question de faire peser sur elle un tel fardeau.
C’est alors plus par dépit qu’autre chose que j’ai accepté de participer à ce qu’elle appelait une séance de groupe.
le Docteur Parson organisait cette séance spéciale chaque mois dans une salle municipale dont ses nombreux contact lui permettait de profiter. C’était en fait une salle de classe maternelle qui bien évidement à cette heure tardive de la journée ne comptait plus âme qui vive. Le but de la séance était simplement de faire se rencontrer des gens ayant des problèmes un peu similaire pour parler et se galvaniser mutuellement, le tout sous la houlette du docteur pour éviter les débordements.
Nous sommes donc tous là, florilège de patient tous aussi différents les uns que les autres, certains un café à la main, d’autres scrutant les murs couvert de dessins d’enfants, cherchant un endroit ou poser le regard sans avoir à affronter celui des autres.
« Alors Franck ? » me demanda le docteur « Vous restez dans votre coin ? »
– heu… non bien sûr. J’attends que ça commence
– Mais ça a commencé Franck. Prenez un café, mettez-vous à l’aise, et surtout parler aux autres ! C’est ça qui compte.
– C’est que… je ne connais personne
– Et justement c’est ça qu’il vous faut. Ces gens-là ne vous connaissent pas, ils n’ont aucun a priori sur vous, et l’inverse aussi. Votre seul point commun ce sont vos angoisses, mais ensemble vous pouvez les vaincre ! »
J’ai envie de rire. Parce que ce discours, c’était celui que je sortais à longueur de journée aux jeunes, les petits Sigma de l’académie, tous des super héros en herbe, parfois effrayé par les enjeux de leurs missions.
« Soyez à l’aise Franck : ce soir vous êtes pastille bleue, et la règle s’est ? »
– Pastille bleue je parle si je veux, pastille rouge il faut que je me bouge… » ânonnais-je sans conviction.
En arrivant à la réunion, on m’avait remis un petit autocollant à mettre sur le badge avec mon prénom dessus. Il indiquait si j’étais un ancien ou un nouveau du groupe. La maxime du docteur sous entendait donc qu’au début, on avait le droit de rester en retrait.
Aller Captain : il faut y aller !
Je quitte ma chaise, et je commence à scruter la salle a la recherche de mon premier « échange ». Mais voilà : j’évite chaque regard qui commence à se pointer vers moi comme si j’avais peur qu’on découvre ma véritable identité.
« Salut ! Moi c’est Barry : enchanté ! »
Surprise totale une fois de plus… si ce groupe de soutien était un champ de bataille, c’est la deuxième fois de la soirée que je serais mort.
Je me retourne pour voir Barry. Il doit faire ma taille, mais n’a par contre pas vraiment une carrure de surhomme. Il doit avoir une petite trentaine, cheveux bruns, pantalon de costume, polo beige déboutonné, veste sur l’épaule…
En tout cas il une bouille sympathique et il émane de lui une grande jovialité. Qu’est-ce qu’un type comme ça vient foutre ici ?
Je réalise alors qu’il me tend sa main qui est d’une épatante finesse, presque féminine. Je la lui serre avec autant de précaution que je peux, mais la petite grimace qu’il fait me confirme que je dois faire attention à ma superforce.
« Pastille bleue hein ? veinard ! » me dit-il tandis que je regarde la pastille rouge sur son badge. « Moi c’est mon premier soir en rouge… je flippe un peu mais en même temps je me dis, c’est un peu comme être à Vegas pas vrai ? Ce qui est dit ici sort pas d’ici ?
– En tout cas ça ne sera pas moi qui cafterai »
Et je me retrouve donc à parler à Barry. Comme me l’avait laissé entendre ma première impression, c’est vraiment un mec sympa. Il est un peu geek sur les bords, mais il est quand même connecté à la réalité. Il bosse dans un bureau d’étude sur Harbor Street, vers le centre, et il fait en parallèle des vidéos sur internet qui parlent de Super héros. Je suis impressionné de voir à quel point il est incollable sur le sujet et je me retiens de trop le lancer la dessus de peur d’être découvert.
Si Barry est ici, c’est que depuis des années il n’a d’yeux que pour Claudia, la responsable du département gestion de sa boite. Ils sont bon amis, mais Barry me raconte qu’il est dans la « friendzone ». Ne comprenant pas de quoi il parle, je lui demande des détails :
« C’est quoi cette histoire de Friendzone ?
– Et bah… c’est quand tu es amoureux d’une fille, que vous êtes très proche, mais que elle, elle ne voit pas plus loin. Alors du coup bah… tu fais des pieds et des mains pour elle mais ça reste lettre morte…
– Ça s’appelle être ami ça…
– Oui mais moi j’ai des sentiments pour elle… et je… à chaque fois qu’on est ensemble…
– Et ben quoi ?
– Bah… j’essayes de lui faire comprendre mais… c’est comme si elle réalisait pas ce que je ressentais et ça me fait tellement mal tu vois ?
– Et tu t’es jamais dit que c’était peut-être l’inverse ?
– Comment ça ?
– Imagine qu’elle réalise parfaitement ce que tu ressens pour elle, et qu’elle voit à chaque fois les efforts que tu mets pour lui faire plaisir. Imagine aussi qu’elle n’ait pas les mêmes sentiments pour toi, mais que malgré tout elle t’aime beaucoup en tant qu’ami. Tu vois cette situation de dingue que tu lui fais vivre ? Mon avis c’est qu’elle feint l’ignorance pour ne pas te faire de peine, parce que le jour où tu lui demanderas franchement ce qu’elle ressent, et qu’elle te le dira sans équivoque, sa plus grande peur c’est que tu la laisse. Tu es un ami pour qui elle à un grand attachement, et elle préfère cette situation ambiguë parce qu’au moins tu es là… Vous donnez surtout l’impression tous les deux de vivre dans le mensonge »
Ce que je viens de sortir à Barry n’est pas le fruit d’une fulgurance ou bien d’une analyse ultra intuitive. C’est juste ma propre expérience. Pendant des années, j’ai combattu avec DEFCON, alias Hilda Shenneider, et notre complicité a fini par aller au-delà du « boulot ». Des liens très fort s’étaient créer entre nous, et notre devoir de super héros ne facilitait en rien les choses. Parce que lorsqu’on affronte ensemble la mort, tous est multiplié par dix.
A l’époque, j’étais un jeune super héros qui ne vivait que pour sa mission, et je portais le masque presque vingt-quatre heure sur vingt-quatre. Difficile ainsi de se faire une vie civile. Hilda elle avait la chance d’avoir un père immensément riche qui lui payait tout ce qu’elle voulait. Je vivais donc à ses crochets, squattant une chambre de son appartement. On était un vrai petit couple : on se donnait des petits noms, on regardait la télé enlacé l’un contre l’autre, on parlait de tout et rien, et on pouvait presque finir chacun les phrases de l’autre…
Et puis il arrivait qu’elle me parle des hommes de sa vie, de combien elle les aimait ou bien combien il lui faisait de la peine. Et à chaque fois je pensais la même chose « mais regarde-moi ! Moi je ne te fais pas souffrir ! Moi je suis là pour toi ! »
Moi, moi, moi… c’était tout ce que je voyais à l’époque.
Un soir, j’ai fini par craquer et tout lui dire : mes sentiments bien sûr, mais aussi ma frustration de la voir si indifférente. Sauf qu’en fait celui qui était indifférent c’était moi. Moi qui n’avait pas vu le mal être que ça lui procurait jour après jour, moi qui n’avait même pas songé un instant que cet amour que je lui portais pouvait ne pas être réciproque, moi encore qui n’était pas foutu de penser un instant à ce qu’elle ressentait.
Moi, moi, moi encore une fois.
Je suis parti avec fracas, et j’ai laissé DEFCON seule pendant des semaines.
Et puis un jour elle s’est battue contre des membres de la Caste des maléfices, et ce n’est que par miracle qu’elle n’y est pas restée. Je l’avais abandonnée, elle qui était ma meilleure amie, tout ça parce que moi, moi, moi je voulais quelque chose comme un sale gosse, sans réalisé la chance que j’avais d’avoir cette amitié.
« Barry : on se connait pas mais si je peux te donner un conseil, c’est d’une part d’être honnête avec cette fille… Claudia c’est ça ? dit lui tout, mais surtout prend conscience que votre amitié c’est de l’or
– Mais je l’aime et…
– Et quoi : tu ne peux pas te la faire ?
– C’est pas…
– Si Barry, c’est exactement ça. Les sentiments que tu as, tu peux les avoirs à ta guise, et tu ne dois pas t’empoisonner l’existence pour ce que tu n’as pas »
Barry reste le regard vers ses chaussures. Une pointe de sourire se dégage du bord de sa bouche, et quand il relève la tête, des petits sanglots s’ajoutent à ses paroles
« Merci Franck : j’avais besoin de me prendre ça dans la tête. Cette histoire de friendzone c’était qu’un prétexte pour me disculper. C’est dingue : c’est comme si tu venais de débloquer ma vie ! »
Il pose sa main sur mon épaule, puis renifle un coup tandis qu’il contient son émotion. Je lui donne une tape amicale, cette fois ci parfaitement dosé, et je lui fais comprendre d’un regard que je vais aller parler à quelqu’un d’autre.
Je suis content d’avoir pu aider Barry. Bizarrement, j’ai pu lire dans son regard la même gratitude que celle des personnes que je sauve d’un immeuble en flamme ou d’une attaque de monstre inter-dimensionnels. En tout cas, ça me fait autant de bien au moral.
Galvanisé, je tente ma chance auprès d’une jeune fille qui reste seule dans son coin. J’attrape un verre de jus d’orange sur la table où sont disposées les boissons et je lui tends :
« Je peux t’offrir un verre ? »
Je remarque qu’elle porte une pastille bleue elle aussi, et que son prénom est Cassandra. De prêt je réalise que c’est une très jeune fille d’à peine vingt ans. Elle porte une veste en jean sombre avec sur l’épaule gauche un badge en tissu cousue à la main que je reconnais sans hésiter.
« C’est Cappella ça ! »
– Vous connaissez ? » me demande t’elle
– Et comment ! C’est une super héroïne géniale.
– Je suis fan d’elle depuis toujours… C’est une femme forte, indépendante, qui se laisse pas marcher sur les pieds… vous aimez les supers héros ? »
Je me sens un peu coincé. Je préfère le plus possible évité de parler des supers héros étant donné que les trois quart sont des amis… mais je sens que c’est l’unique porte d’accès que me laissera cette jeune fille.
« Je les adores ! Sauf qu’à mon époque c’était plus Soulstorm la vedette
– Le gardien de la grande barrière de Dungarock ? Oui il est pas mal… mais comparé à Capella… »
Le petit air timide de Cassandra est attendrissant. Sous la façade dure qu’elle affiche, avec son piercing dans le nez et les gros traits d’eyeliners noir sous ses yeux, je vois une détresse que je connais bien. Je me cale contre le mur a coté d’elle, lui tend a nouveau le jus d’orange qu’elle fini par accepter, et comme si de rien n’était je commence à lui parler :
« Quand j’étais ado je me faisais pas mal chambrer par les autres gamins. Ils me regardaient bizarrement… ils voulaient pas me parler où être vu avec moi. C’était pas de la méchanceté mais… ils avaient peur.
– Parce que vous étiez déjà baraqué comme maintenant ? » me demande la jeune fille en regardant le pli sur ma veste formé par mes deltoïdes.
– Y’avait de ça ouais. J’étais plus fort que des types qui avaient 4 ou 5 ans de plus. C’était pas facile de se sentir exclu juste parce qu’on est différent…
– Je vous comprends. Moi c’est pareil… »
J’avais reconnu dans le regard de Cassandra le regard des jeunes Sigma de l’académie. Craint même par leurs proches, ils devaient sans cesse cacher ce qu’ils étaient juste pour être accepté. Alors que leurs dons étaient prodigieux, ils devaient se dévaluer pour qu’on ne les regarde pas comme des monstres.
« Y’a quelques mois de ça j’ai avoué à mon père que j’étais lesbienne… il m’a cogné dessus… j’ai cru qu’il allait me tuer. Ma mère l’a arrêté à temps mais au bout du compte il m’a foutue dehors. Je… j’ai traînée dans les rues et j’ai eu pas mal de problème. Mais heureusement le docteur Parson s’est occupé de moi.
– tu l’as rencontrée comment ?
– Au foyer social de Brightwood. Elle faisait de l’aide aux mineurs, et même si j’avais plus tout à fait l’âge, elle m’a acceptée dans son programme. C’est ma tutrice de sevrage »
Me disant ça, Cassandra me montre un bracelet qu’elle porte au poignet droit.
« Je suis clean depuis 6 mois. Ni drogue, ni alcool, ni même une simple clope
– Je te félicite. Je sais que ça doit être dur.
– Merci… (Elle lit mon badge) Franck. C’est sympa Franck comme prénom. J’aurai adoré m’appeler comme ça si j’étais un mec.
– Ah bon ?
– Ouais… parce qu’en fait Franck c’est le vrai nom de Captain Stellar »
Je me retiens le plus possible, mais une expression de surprise se dessine automatiquement sur mon visage.
« Mais comment tu sais ça ?
– Je l’ai lu sur le net. Y’a un site web très complet avec plein d’info sur les Supers »
Il va vraiment falloir que je demande à Toolbox de faire quelque chose contre ses sites web…
« Et donc t’aime bien aussi Captain Stellar ?
– Carrement : mais je suis pas une groupie hein ! De toute façon je te l’ai dit c’est pas mon genre. Mais lui il protège les gens, il abuse pas de sa force contre les plus faibles…
– Tout à l’heure tu as parlé de ton père qui… »
Je sens à ce moment-là que je suis sur le point d’aller trop loin
« … laisse tomber. Excuse-moi : pastille bleue, tu parles si tu veux
– Non c’est pas grave… ouais il me cognait souvent. Et… enfin c’était pas le père de l’année quoi
– Je… je suis sincèrement désolé…
– T’y es pour rien… Même le Captain Stellar peut pas être partout pour corriger les salauds »
Et pourtant crois-moi il aimerait.
Je parle encore un peu avec Cassandra, tout en me disant que j’irai bien balancer une rafale stellaire sur la voiture de son père juste pour rigoler.
Mais ça serait puéril.
La jeune fille me remercie de l’avoir écoutée et me demande si à mon tour je veux me confier. Difficile de refuser après les confidences qu’elle vient de me faire.
Je lui parle donc à mot couvert de ce que je vis en ce moment : un boulot stressant, avec un maximum de responsabilité, et des gens qui comptent sur moi. Pour donner le change, lui raconte que je suis le patron d’une petite entreprise, que j’ai des employés, mais aussi des concurrents puissants qui emploient des méthodes parfois illégales. Cassandra m’écoutes avec une grande attention. Je crois d’ailleurs bien que c’est la première fois qu’on me prête une écoute pareille. Oh bien sûr, il y’a le docteur Parson, mais c’est une psy, et elle à une posture bien particulière par rapport à ça.
Non là, Cassandra m’écoutes simplement comme une amie, et bon sang ce que ça fait du bien.
« T’as l’air d’être cool comme patron » me dit-elle « En tout cas si ça te pourri la vie à ce point c’est que tu te fais du mouron pour les autres, c’est pas tout le monde qui est comme ça
– C’est un peu comme ce que tu disais tout à l’heure : je dois défendre ceux qui ne peuvent pas. Mon équipe c’est des gens supers. Ils seraient prêt à m… »
Je suis sur le point de dire qu’ils sont tous prêt à mourir pour sauver le monde. Bravo Franck, continue comme ça et dans 5min tu n’auras plus qu’à te transformer devant tout le monde et à proposer de raccompagner ceux qui n’ont pas de voiture avec ton vol stellaire. Je rattrape ma phrase à toute vitesse :
« Ils seraient prêt à m’aider quoi que je leur demande. Je dois donc faire attention à ne pas leur demander l’impossible
– Mais peut être que tu devais aussi avoir confiance en eux… c’est pas des gamins quand même.
– Quoi ?
– Tes collègues font ce métier depuis un moment non ? Ce sont des pro : c’est leur job et donc ils savent mesurer sans doute mieux que toi ce qu’ils peuvent ou pas faire. Et puis de toute façon c’est leurs décisions non ? En prenant ce genre de choix à leur place, tu outrepasse ton rôle de patron… Tu serais pas du genre un peu mégalo toi ? »
Elle est vraiment perspicace
« Croire qu’on porte toute la responsabilité pour tout ce qui arrive, c’est le truc le plus égocentrique qui soit. Le monde tourne pas qu’autour de toi Franck : des fois il se passe des trucs sans même que t’en ai conscience »
Cassandra me dit ça pour me taquiner, mais elle a clairement raison. Encore une fois c’est le moi, moi, moi qui me reviens en plein visage.
Je vais nous chercher deux autres jus d’orange, et je continue à écouter Cassandra.
« Si tu flippes c’est parce que t’es soucieux, mais faut pas : faut dire merde à ceux qui croient pas en toi, mais faut aussi donner à ceux qui sont avec toi.
– Donner quoi ?
– Ta confiance. Alors c’est sûr, au début tu vas grave flipper vu que t’as l’air d’être un peu un maniaque du contrôle. Mais tu verras ça ira mieux, et surtout les gens te le feront savoir. Je te le promets
– Et si au final s’est en moi que j’ai pas confiance ?
– Alors comme dit Capella : « Crois en ceux qui croient en toi ! »
– Elle dit vraiment ça Capella ? »
Oui, elle dit vraiment ça pour nous donner du courage… et en général l’instant d’après elle lance une rafale d’énergie astrale en pleine face de son adversaire.
Sans doute histoire de se donner raison.
Tandis qu’on continue de discuter avec Cassandra, voila que Barry s’approche.
« Franck, tu permets que je me joigne à vous ? Enchanté moi c’est Barry »
Dans un premier temps je suis méfiant : est-ce que mon brave Barry n’est pas en train de transformer la réunion du groupe en terrain de chasse pour son petit cœur meurtri ?
Et puis finalement non. Il prend la balle au bond et se découvre des atomes crochu avec Cassandra, mais je sens que sa posture ne va pas plus loin que ça. Est-ce que c’est l’écart d’âge ? Ou bien est ce qu’il doit d’abord faire le deuil de sa « relation » avec Claudia… peu importe, ces deux-là se sont bien trouvé et je m’en contente : absorbé par leur débat sur « qui est le meilleur speedster entre Volt et Météore ? » ils ne remarquent pas que je m’éloigne…
***
C’est la fin de la réunion, et le docteur Parson remercie les derniers participants Chacun rend son badge, échanges quelques mots avec le docteur, et puis se retire aussi simplement que ça. Je remarque que plusieurs partent en groupe. C’est le cas pour Barry et Cassandra.
En les voyants, on dirait un frère et sa petite sœur qui sortent du cinéma. Ils sont encore en train de parler de super héros, d’aventures… et du Captain Stellar.
La salle est maintenant vide. Il ne reste plus que moi et le docteur Parson. Je m’avance vers elle et lui tends mon badge.
« Alors Franck : cette première soirée ?
– C’était bien plus… « Intéressant » que je ne l’aurai cru à vrai dire. J’ai parlé avec des gens très gentil, j’ai entendu pas mal d’histoire… ça m’a fait relativisé sur pas mal de chose.
– On ne se rend pas compte à quel point nos tracas qui semblent incroyable sont finalement plutôt courant n’est-ce pas ?
– Oui… et je dirais même qu’on oublie que soit même on reste avant tout un être humain… »
Je laisse l’énergie stellaire irradié tout mon corps et activer les nano cellules fusionnées dans mes habits. En une demi-seconde, je suis recouvert de ma fameuse tenue blanche et bleue, frappé du symbole stellaire sur ma cape et sur mon torse.
Stupéfaite, le docteur Parson se tiens à la table pour ne pas vaciller.
Je commence à flotter a quelques centimètre au-dessus du sol tandis que mon influx énergétique créer un petit courant d’air qui fait s’animer les plis de la nappe en papier du buffet et danser la poussière sur le sol.
« Je voudrais vous remercier docteur : grâce à vous j’ai pu rencontrer des gens qui m’ont rappelé que même si j’ai des pouvoirs, ce qui m’anime c’est un coeur comme celui de n’importe qui sur cette planète. J’ai les mêmes peurs pour mes jeunes protégés qu’un père pour ses enfants face aux difficultés de la vie, et j’ai beau pouvoir transpercer des murs à mains nus, je suis aussi impuissant que tout le monde face à la tristesse. »
Je réalise alors que sous cette forme, ma voix résonne fort et est amplifié par l’énergie stellaire. Ceci explique forcément l’indicible stupeur du docteur.
« Docteur : me permettrez-vous de revenir à une prochaine séance du groupe ? Mais cette fois tel que je suis ? Comme le Captain Stellar ? »
Reprenant son calme, le docteur me sourit et réponds :
« Bien sûr Franck : mais alors dans ce cas vous serez pastille rouge
– Faudra que je me bouge ! »
Même si ça fait cliché, nous échangeons un rire complice. Le docteur regarde alors la fenêtre du fond de la salle
« Voulez-vous que je ferme derrière vous ? » me demande t’elle
– Si ça ne vous gêne pas en effet… »
Je franchi la fenêtre ouverte, mais au lieu de passer en vitesse stellaire, je me retourne et demande :
« Docteur Parson, puis je vous demander une dernière faveur ?
– Dites-moi Captain
– votre filleule, Cassandra… vous n’auriez pas l’adresse de son père par hasard… ? »